Un
tour de vis supplémentaire pour les fonctionnaires ou la Fonction public au
régime minceur par Lucien Jallamion
Ce
n’est pas l’automne mais les mauvaises nouvelles pour les fonctionnaires tombent
comme des feuilles mortes. A moins que ce ne soit en prévision d’une prochaine
canicule. Il n’empêche que Dominique Bussereau secrétaire d'Etat au Budget a
annoncé dimanche 27 juin, en espérant sans doute que le week-end aidant et les
périodes estivales commençant ont pouvait faire des annonces fracassantes sans
risque de grande révolte des salariés de ce secteur. En effet, le projet de
budget 2005 à pour objectif de diminuer de 17.000 le nombre de fonctionnaires.
Rien que ça est après ont dira qu’il manque du personnel médical ??
L’objectif du gouvernement est de remplacer "un fonctionnaire sur deux" partant
à la retraite, ce qui représenterait environ 30.000 des 60.000 membres de la
fonction publique appelés à se retirer l'an prochain de la vie active. De quoi
nous plaignons nous la moitié des départs seront remplacé. C’est sans doute la
contribution volontaire du gouvernement Raffarin à la lutte contre le chômage.
Non
les salariés ne sont pas coupables
par
Yves LAOT
De
Sellière à Madelin, de Sarkosy à Douste Blazy c’est toujours la même rengaine.
Si les entreprises n’embauchent pas c’est la faute aux 35 heures, s’il y a un
déficit de la sécurité sociale c’est la faute aux fraudeurs de la sécurité
sociale qui utilisent de fausses cartes Vitale ou se font faire des certificats
maladie bidon sur le dos de la sécurité sociale, s’il y a autant de chômeurs
c’est parce que trop de gens ne cherchent pas véritablement d’emploi et
préfèrent être assistés que de travailler etc…
A les
entendre il n’y aurait que des magouilleurs et des fraudeurs en France ! En
réalité ils savent bien que les cas qu’ils citent sont marginaux, que, s’il y a
des profiteurs, il faut les chercher ailleurs, comme ces patrons qui se font
verser des salaires mirobolants pendant que leurs entreprises licencient à tour
de bras ou partent avec des stocks options laissant derrière eux une entreprise
au bord de la faillite. Ce ne sont pas les salariés qui gagnent le SMIC ou un
peu au dessus qui peuvent en faire autant ou frauder le fisc !
En
vérité cette entreprise de culpabilisation réfléchie n’a qu’un but : réduire
toujours davantage les droits des salariés. Il suffit d’évoquer la suppression
du lundi de Pentecôte censé apporter de l’argent pour les personnes agées. En
réalité cela permettra aux entreprises d’avoir de la main d’œuvre à peu de frais
ce jour là. Quant aux personnes agées, elle continueront à mourir dans les
maisons de retraite dont les propriétaires n’ont que faire de la canicule. C’est
cette même culpabilisation qui a été employée pour tenter de faire avaler la
réforme des retraites. Nul doute que sans la trahison d’un syndicat le
gouvernement aurait eu plus de mal à faire passer son projet même en choisissant
l’été pour le faire voter par le Parlement. Il essaie de nouveau la même méthode
pour sa réforme de la sécurité sociale. Espérons que cette fois les syndicats
resteront unis et fermes.
Quant
aux 35 heures tant décriées par le patronat, faut-il rappeler les compensations
qu’il a reçues en échange ? On ne sache pas que le MEDEF soit prêt à se passer
des subventions de l’Etat ni à augmenter les salariés ou à revenir sur la
flexibilité en contrepartie d’un allongement du temps de travail. D’ailleurs
pourquoi faudrait-il allonger le temps de travail alors qu’il y a plusieurs
millions de chômeurs en France ? Ne serait-ce pas un moyen d’augmenter encore la
précarité ? Faut-il rappeler que plusieurs millions de salariés ne bénéficient
pas des 35 heures. On nous dit que les 35 heures ont désorganisé les hôpitaux.
N’est ce pas plutôt le manque de prévision des gouvernements successifs qui font
qu’on ne trouve plus aujourd’hui assez d’infirmières, de médecins ou de
chirurgiens en France ?
Non
les salariés ne doivent pas se sentir coupables de vouloir préserver leurs
droits et leurs acquis sociaux souvent obtenus au prix de nombreux sacrifices de
leurs aînés. C'’est leur devoir vis à vis des générations futures qui pourraient
bien autrement voir leurs enfants travailler dès l’âge de 8 ans comme au 19ème
siècle …
Etre moderne ?
Par Aure ANDRE
La France
possède le record de vitesse sur rail et vend ses TGV dans le monde entier.
Dernière vente en date : la Corée du Sud, pays pas vraiment réputé pour être à
la traîne.
La France
construit, en coopération européenne, le plus gros avion du monde. Elle vend des
Airbus mieux que les USA leurs Boeing et leurs rustiques Mac Douglas.
La France envoie
dans l'espace des navettes spatiales et met en orbite des satellites de
nombreuses nations.
La France
possède les premiers centres hospitalo-universitaires du monde : à Paris comme à
Lyon, à Marseille comme à Toulouse, s' illustrent les meilleures techniques
chirurgicales du monde, exercent des médecins mondialement réputés.
Les industries
automobiles placent nos sociétés dans les premières mondiales, le coin le plus
reculé du pays reçoit l'électricité, la télévision, le câble et Internet, nos
centrales nucléaires ne fuient pas, nos routes et nos autoroutes sont plutôt
bien entretenues, les liaisons ferroviaires fonctionnent, le téléphone sonne…
Avez-vous
vraiment l'impression de vivre dans un pays du tiers-monde ?
Alors pourquoi
nous serine-t-on qu'il faut nous moderniser … ou plus exactement qu'il faut
faire les sacrifices nécessaires à notre modernisation ? De quoi s'agit-il donc
?
- de vendre la
SNCF à des sociétés privées comme au Royaume-Uni où la ponctualité des trains
n'est plus qu'un souvenir, et où la plus élémentaire sécurité (avoir des trains
en état de marche) n'est plus assurée ?
- de privatiser
EDF comme en Californie, quitte non seulement à organiser l'inégalité sur le
territoire national mais à risquer la panne ?
ou même mieux
encore :
- de priver les
salariés du fruit de leurs efforts (salaires, droit du travail, retraites …) ?
- de brader la
Sécurité Sociale basée sur la solidarité (une notion certes pas très moderne !)
pour donner ce marché aux assurances privées qui la lorgnent depuis si longtemps
?
- de précariser
dans leur emploi comme dans leur vie quotidienne de plus en plus de citoyens ce
qui fait grimper la Bourse (çà c'est moderne !) ?
- de livrer
l'école au profit immédiat au détriment de l'investissement dans l'avenir ?
Au secours ! Je
ne veux pas de leur modernité ! Laissez-moi ma France, industrielle et
solidaire, inventive et fraternelle, travailleuse et égalitaire! Je veux rester
ringarde !
SERVICE MINIMUM GARANTI : FAUX PRETEXTES ET VRAIE ATEINTE AU
DROIT DE GREVE
Chirac, Raffarin, Sarkozy, Juppé,
Bayrou… ne l’ont pas caché : ils ont l’intention de légiférer sur le droit de
grève. En France c’est un sujet sensible. Ils ont donc préparé le terrain depuis
des mois : pilonnage médiatique, mise face à face à la TV de syndicalistes et
« d’usagers en colère » étalant leur hostilité vis-à-vis des grévistes…
L’objectif, hélas parfois réussi, est de
mettre les syndicats sur la défensive, pour préparer le terrain à la loi tout en
évitant un conflit majeur.
Les faux prétextes pour justifier une
législation additionnelle sur le service minimum
-
La sécurité. C’est un
faux prétexte : on n’a jamais vu un pilote se mettre en grève au dessus de
l’atlantique, un chirurgien se mettre en grève au milieu d’une opération. …
-
La « gêne des usagers ».
Est-ce bien crédible ? Quand on voit que des millions de salariés passent 2
heures, 3 heures ou plus par jour pour aller travailler en région parisienne,
quand on voit les lignes SNCF fermées en province, on se dit que le bien être
des usagers ne doit pas être vraiment la priorité des décideurs de ces dernières
décennies !
Il est
indéniable qu’une grève puisse gêner temporairement une partie de la population.
Mais les licenciements, les suppressions de poste, …sont aussi une « gêne »,
voire parfois une catastrophe pour la population. (C’est d’ailleurs l’origine de
bien des grèves). Pourtant lorsque le gouvernement, le MEDEF parlent de
légiférer, de « réformer », ce n’est pas pour supprimer ou limiter cette
« gêne », mais pour l’augmenter en facilitant les licenciements !
-
Rappelons qu’il existe déjà une abondante
règlementation limitant le droit de grève, et même des professions dans
lesquelles le droit de grève est interdit
Le fond du problème n’est pas le bien
être des usagers : c’est la remise en cause du droit de grève. Le service
minimum garanti, c’est la garantie de faire échouer les grèves.
Le service minimum organise l’échec
de la grève
Pour les grévistes suspendre la grève
entraîne une perte d’efficacité. Une partie des salariés sentant ce risque
refusent une grève qu’ils jugent perdue d’avance, ce qui affaiblit la grève.
D’ailleurs personne n’est dupe sur le résultat du service minimum. Récemment il
y a eu une grève à la RATP entre 10 H du matin et 15H. Ceux qui d’habitude
vitupèrent contre les grévistes cette fois étaient hilares contre « ces c… qui
se mettent en grève quand personne ne prend le métro » ! A la SNCF lorsqu’il y
a une grève pendant la semaine, le gouvernement l’accuse d’empêcher les gens de
travailler. Lorsqu’on approche des vacances, il accuse les grévistes d’empêcher
par malveillance les français de prendre des vacances …et profite de
l’annulation de la grève pour changer la législation en catimini.
Le service minimum favorise la
desyndicalisation
Si la grève échoue il y a une perte de
confiance, ce qui favorise la désyndicalisation. Un processus s’enclenche
totalement défavorable aux salariés et aux syndicats.
Le service minimum est un engrenage
sans fin
Pour les usagers, le service minimum est
toujours insuffisant.
La grève des contrôleurs aériens d’Orly
en est une illustration saisissante. Il y avait 100 % de grévistes. Ils ont été
réquisitionnés, ce qui est bien un cas de service minimum. Et pourtant on a vu
des usagers se déchaîner à la TV contre la grève. En effet malgré la
réquisition certains vols ont été annulés. Pour le passager qui voit son avion
annulé un service minimum qui n’assure pas son vol est sans intérêt. Il veut
…100 % de service !
Le service minimum est un engrenage ;
dans un premier temps on négocie des plages de suspension de la grève, plages
qui seront appelées à s’élargir sans cesse.
Le MEDEF en embuscade
Inutile de dire que si l’Etat limite le
droit de grève dans certains secteurs, nul doute que le Medef demandera une
large extension au privé. Une grève à Carrefour est aussi une « gêne » pour ses
usagers - clients
Le droit de manifestation également
en danger
Dans les grandes villes les
manifestations créent des embouteillages, gênant aussi les usagers. Faudrait-il
interdire les manifestations dans les grandes villes, ou ne les autoriser qu’à 2
heures du matin ?
Favoriser la solidarité
Je travaille dans le privé et j’ai
souvent constaté que les usagers se solidarisent beaucoup plus facilement d’une
grève aux objectifs connus et qui donnent l’impression de pouvoir être obtenus.
Il y a un rôle d’information des syndicats qui est certainement à renforcer. A
contrario, ce sont les grèves à répétition, parfois ultra minoritaires, sans
perspective réelle, qui irritent le plus : l’usager a l’impression de souffrir
sans aucun bénéfice pour personne.
Pourquoi un service minimum antigrève
maintenant et dans l’urgence ?
Michel Rocard disait qu’avec la réforme
de la Sécurité Sociale, il y avait de quoi faire sauter 10 gouvernements. Or la
politique de la Commission Européenne, de J Chirac, risque de se traduire non
seulement par la privatisation partielle de la SS, mais aussi de la Poste, de
l’EDF, de la SNCF, d’Air France, la régionalisation d’une partie de l’éducation
nationale, le non remplacement de 50% de fonctionnaires partant à la
retraite…Ces mesures et bien d’autres sont grosses de conflits sociaux.
D’ailleurs M Méhaignerie, président de la Commission des finances à l’Assemblée
nationale déclarait récemment dans Le Monde : « il y aura des défilés… ». En
prévision le gouvernement renforce ses moyens d’action contre les grévistes
éventuels. La loi est un puissant moyen.
Vers la répression ? Ne pas minimiser
le danger pour les libertés
On entend parfois dire « de toute façon,
c’est pas grave, s’il y a une grève, les grévistes ne respecteront pas le
service minimum ». C’est une façon très dangereuse de minimiser l’importance de
la loi, au lieu de mobiliser contre son adoption. Elle implique que les salariés
se mettent dans l’illégalité, risquant ainsi des sanctions lourdes. Or
actuellement de plus en plus de syndicalistes sont inculpés pour faits de grève
Le gouvernement parle de service minimum
garanti. Le terme garanti n’est pas neutre. Il indique clairement
la volonté de faire respecter le service minimum, par la répression si
nécessaire, au cas où la loi serait adoptée.
Le service minimum garanti s’inscrit
dans toute une législation du gouvernement restreignant les libertés (lois
Perben…).
LE SERVICE MINIMUM GARANTI EST UNE
ATTEINTE MAJEURE AU DROIT DE GREVE, UN DES DROITS FONDAMENTAUX GARANTIS PAR LA
CONSTITUTION.
Claude CHAILLE
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