Bernard Thibault sonne la charge contre le gouvernement

 

Bernard Thibault s'est livré lors du meeting de Lille le 7 septembre à une violente charge contre la politique du gouvernement, le patronat et Nicolas Sarkozy, appelant de ses voeux une rentrée sociale "offensive" et "unitaire".

"L'heure est à la mobilisation sur tous les fronts, celui de l'emploi et des salaires, celui du droit du travail", a déclaré B. Thibault devant plus de 2.000 militants de la confédération.

La CGT, qui tiendra huit autres meetings à travers toute la France jusqu'au 15 septembre, se veut porteuse du "message (...) de l'urgence de la riposte et de la contre-offensive, par des actions solidaires et unitaires (...) avec la volonté déterminée de déboucher sur des résultats tangibles".

Il s'est ensuite lancé dans une critique sans concessions à l'égard du gouvernement et du Premier ministre Dominique de Villepin, en particulier en matière de politique de l'emploi.

"Comment peut-on être fier de sortir un plan d'urgence alors qu'on est aux manettes depuis plus de trois ans! C'est une insulte de plus à la raison de ceux qui vous écoutent", a-t-il dit. Quant au contenu des mesures prises, "il n'y a rien qui soit de nature à générer de la croissance et encore moins du progrès social!", a-t-il estimé.

Revenant sur le Contrat nouvelles embauches, il a assuré qu'"on trouvera difficilement quelqu'un pour nous convaincre qu'étendre la période d'essai à deux ans c'est mieux pour le salarié et c'est bon pour l'emploi! On aura du mal à nous faire croire qu'avec deux tiers des emplois déjà proposés à temps partiel ou pour une durée déterminée, la clef réside dans l'installation de salariés kleenex".

"Mettre de l'ordre dans le Code du travail", a-t-il poursuivi, "ça ne se fait ni au sécateur ni au Kärcher, surtout quand le désordre a essentiellement été produit par la multiplication des dérogations, la prolifération de contrats et les insuffisances de moyens des inspecteurs du travail pour le faire respecter".

Le président de l'UMP et ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a également été visé. "Il dispose d'une voix de l'intérieur qui se sent autorisée à dire tout haut ce qu'il ferait si on le laissait faire et si on le laissait passer. Celui-là est parti en guerre contre ce qu'il appelle 'le modèle social français'".

Face à ce tableau, et dans la perspective de la journée interprofessionnelle de mobilisation, M. Thibault souhaite voir des salariés "unis", car lorsqu'ils "décident de se mettre en mouvement", ils "représentent une force considérable. Une force bien plus forte qu'ils ne l'imaginent eux-mêmes. Une force bien plus puissante que n'importe quel gouvernement, que n'importe quel employeur borné".

 

14.500 supprimés chez Hewlett-Packard: appel à la grève en France

 

Les syndicats français de Hewlett-Packard (HP) ont appelé les salariés français du groupe informatique américain à une grève le 8 septembre 2005, alors que s'ouvrira à Bruxelles un comité central d'entreprise où doivent être confirmées quelque 14.500 suppressions d'emplois dans le monde.

Le 19 juillet, le PDG de HP, Mark Hurd, a annoncé son intention de se séparer de 14.500 collaborateurs dans le monde sur un effectif total de 150.000, répartis dans plus de 170 pays.

 

Cinq syndicats français (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT et FO) ont appelé à "un débrayage massif" d'une heure en fin de matinée pour le 8 septembre sur le parvis des sites de HP, qui emploie 5.000 salariés répartis sur 25 sites.

"Nous nous attendons au pire. C'est entre 20 et 30% de nos effectifs qui pourraient être supprimés", affirment les syndicats français.

"Ce scénario catastrophe n'est pas l'exclusivité de la France, les autres grands pays européens seraient également très durement touchés", ajoutent les syndicats. "Nous allons unir nos forces au niveau français, européen et mondial, et tout mettre en oeuvre pour diminuer le nombre de suppressions d'emplois".

Aux Etats-Unis, le syndicat des travailleurs des communications (Communications workers of America) a exprimé sa "solidarité" avec les salariés de HP.

"HP a montré sa vraie nature à ses employés en réduisant drastiquement les versements au titre des retraites et en réduisant les emplois tout en faisant passer le conseil exécutif de sept à dix personnes et en octroyant au PDG un salaire de 15,3 millions de dollars", affirme CWA dans un tract.

En Italie également, une intersyndicale a appelé les salariés à la vigilance à l'occasion de la tenue du comité central d'entreprise.

 

Une grève dans plusieurs raffineries entraîne une "baisse de débit"

 

Une grève dans cinq raffineries Total en France pour protester contre les sanctions à l'encontre de quatre salariés a entraîné le 7 septembre une "baisse de débit", la CGT menaçant le groupe pétrolier d'un "durcissement du mouvement" dans un contexte de hausse du prix de l'essence.

Le mouvement a éclaté dès l'annonce des sanctions à l'encontre de quatre salariés: elles ont été prononcées après l'incident du 7 août à La Mède (Bouches-du-Rhône), une fuite ayant provoqué une pluie de gazole au-dessus de la commune de Sausset-les-Pins (Bouches-du-Rhône).

Outre le site de La Mède, les raffineries du Havre (Seine-Maritime), de Donges (Loire-Atlantique), Feyzin (Rhône), Grandpuits (Seine-et-Marne) et Provence-Mède (Bouches-du-Rhône) sont affectées par ce mouvement.

La branche Pétrole-Raffinage de la CGT, qui "dénonce depuis plusieurs mois les conséquences des réductions d'effectifs, des restructurations, des manques d'investissement en matière de sécurité", a de son côté menacé la direction de Total d'"un durcissement du mouvement" si elle "ne retire pas les sanctions dans les prochaines heures".

Après l'incident du 7 août, la mairie de Sausset-les-Pins avait porté plainte pour "non-respect du code de l'environnement et en raison de la tardiveté dans le déclenchement de la procédure d'alerte par la société Total".

 

Rencontre intersyndicale pour préparer la mobilisation d'octobre

 

La CGT, la CFDT, FO, la CFTC et la CGC se réuniront le 8 septembre 2005 après-midi pour décider de la date et des modalités d'action de la journée nationale de mobilisation interprofessionnelle prévue début octobre.

La réunion est prévue jeudi à partir de 14h30 au siège de la CGT à Montreuil. Les deux principaux mots d'ordre de cette journée seront la défense du pouvoir d'achat et de l'emploi. Les syndicats doivent s'entendre sur la date et l'organisation de cette journée.

Plusieurs options sont actuellement en discussion au sein des organisations syndicales, parmi lesquelles une journée de manifestations dans tout le pays avec des arrêts de travail le 4 ou le 6 octobre ou des défilés sans grève un samedi, comme le souhaite la CFDT.

 

Les délocalisation nouvelles manières

 

Dans la Moselle, une entreprise d'orfèvrerie qui délocalise son activité en Chine, conditionne le versement d'indemnités de licenciement au silence de ses salariés. Le texte stipule notamment qu'ils ne doivent pas s'adresser à la presse.

L’entreprise, reprise il y a moins de deux ans par un Américain d’origine chinoise alors qu’elle était en dépôt de bilan, a d’abord proposé 2.000 euros. Après de longues négociations, les salariés ont obtenu des indemnités de 11.000 euros.

Les 25 personnes de l’unité de production touchée par le plan social reçoivent une lettre recommandée avec accusé de réception dans laquelle la direction conditionne l’attribution des indemnités à la signature d’un document dans lequel ils s’engagent à ne participer à aucune action syndicale, de conserver secret l’accord en question et de ne pas s’exprimer dans la presse. Le salarié "s’engage expressément à ne pas participer ou s’associer, directement ou indirectement à une quelconque action, procédure ou mouvement contraire aux intérêts de la société ou à ses dirigeants (tel que blocage, occupation, entrave à la circulation, article de presse)", stipule le document. En cas de non-respect de cet accord, les anciens salariés devront rembourser l’entreprise.

 

 

La Hongrie ou la porte pour des salariés d'une PME de Franche-Comté

 

Une entreprise basée à Exincourt (Doubs), spécialisée dans la construction d'échelles et d'escabeaux, vient de proposer à plusieurs de ses salariés un reclassement en Hongrie suite à une baisse significative du chiffre d'affaires.

Les dirigeants de l'usine Thedis, qui compte 35 ouvriers, ont reçu, lundi, cinq salariés dans le cadre d'une procédure pour licenciement économique. Il leur a été proposé de continuer leur activité professionnelle dans la ville hongroise de Szekesfehervar, où l'enseigne Thélis possède un autre site de taille équivalente.

En cas de refus, les responsables leur ont déclaré qu'ils seraient licenciés.

"C'est n'importe quoi, même si c'est malheureusement légal. Ces gens-là ont toutes leurs attaches ici. C'est un faux choix qu'on leur propose. Je ne sais pas s'ils peuvent vraiment accepter la proposition de partir dans ce pays, où le salaire minimum est de moins de 300 euros", s'est indigné un représentant de la CGC.

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