Un pas de plus en direction de
la privatisation de la Poste
Le Sénat examine le 27 et 28
janvier le projet de loi de régulation postale, qui transpose les directives
européennes libéralisant les services postaux et permet en particulier aux
opérateurs alternatifs de venir concurrencer la Poste sur une part croissante du
marché.
Le projet de loi transposera la
directive européenne qui abaisse depuis le 1er janvier 2003 les limites du
monopole de la Poste à 100 grammes et trois fois le tarif de base, actuellement
de 0,5 euro.
Ces seuils vont être portés au 1er
janvier 2006 à 50 g et 2,5 fois le tarif de base. Les concurrents de la Poste
sur ces marchés devront être titulaires d'une autorisation, délivrée pour 10 ans
par le régulateur, selon le projet de loi.
Cette transposition se fait avec
plus d'un an de retard sur le calendrier prévu, ce qui vaut à la France d'être
attaquée par la Commission européenne devant la Cour européenne de justice.
Elle intervient alors que la Poste
a lancé la modernisation de son activité courrier pour affronter une concurrence
croissante. La part des services réservés dans le chiffre d'affaires de la Poste
est ainsi appelée à passer de 49% en 2002 à 37% en 2006, selon le Sénat.
Le projet de loi doit aussi définir
les principes généraux du service universel postal.
(Commentaires RS: que ceux qui
estime que le service universel c'est la même chose que le service public nous
explique a quoi bon redéfinir les principes généraux.)
Il conforte la Poste comme seul
prestataire de ce service universel, les caractéristiques de l'offre de service
universel qu'elle est tenue d'assurer devant être définies par un décret du
conseil d'Etat, selon le projet de loi.
Parallèlement, l'Autorité de
régulation des télécommunications (ART), rebaptisée l'Autorité de régulation des
télécommunications et des postes (ARTP), verra ses compétences élargies au
domaine postal. Outre la délivrance d'autorisations d'exercer, elle devra
émettre des avis sur les tarifs et les objectifs de qualité du service
universel.
(Commentaires RS: On espère qu'elle
n'agira pas comme pour France télécom sur l'attribution des autorisation et
qu'elle ne condamnera pas la poste pour entorse à la concurrence ou dans le cas
contraire la poste devra-t-elle augmenter ses tarif colis pour être à égalité
des tarifs de ces concurrent??)
Les sénateurs veulent profiter de
ce projet de loi pour accélérer la mutation de la Poste. Les sénateurs UMP
Gérard Larcher et Pierre Hérisson, respectivement président et vice-président de
la commission des Affaires économiques, ont prévenu qu'ils déposeraient un
amendement pour créer un établissement de crédit postal si le gouvernement ne le
fait pas.
M. Hérisson a précisé qu'il
s'agissait d'introduire dans la loi les dispositions du contrat de Plan
2003-2007 instaurant un établissement de crédit postal, avec une date
d'application, et de préciser quels produits seront offerts aux clients.
Les sénateurs veulent aussi inciter
le gouvernement à se préoccuper de l'accès de la population aux guichets. La
Commission des Affaires économiques du Sénat souhaite ainsi la fixation de
normes d'accessibilité aux guichets, qui se traduirait par une adaptation des
points de présence postale, avec un renforcement là où elle fait défaut.
Enfin, la commission des affaires
économiques propose aussi la négociation, à compter du 1er juillet 2006, d'une
convention collective commune à tous les salariés non fonctionnaires de La Poste
SNCF: les
syndicats rejettent le projet de budget 2004
L'ensemble des fédérations de cheminots ont
rejeté le 26 janvier en Comité central d'entreprise (CCE) le projet de budget
2004 de la SNCF, qui prévoit notamment une réduction d'effectifs de 3.505
emplois et une perte de 91 millions d'euros.
Le projet de budget, qui était présenté en CCE
par le président Louis Gallois, doit être adopté en conseil d'administration le
28 janvier.
"Le rejet unanime par l'ensemble des fédérations
crédibilise le mouvement du 21 janvier puisqu'il démontre que le mécontentement
vis-à-vis de ce budget dépasse largement les quatre organisations syndicales
(CGT, FO, Sud-Rail et Fgaac) qui avaient appelé à cette grève", a déclaré le
secrétaire général de la CGT-Cheminots.
Le projet de budget prévoit 3.505 suppressions
d'emplois, sans licenciements, sur un total de 172.400 postes, ainsi qu'une
perte courante de 91 millions, comparée à un déficit de l'ordre de 250 millions
d'euros prévu pour 2003.
C'est le fret ferroviaire, objet d'un plan de
redressement, qui subira la plus grosse hémorragie, avec 2.500 emplois
concernés.
La CGT-Cheminots, majoritaire, a "l'intention de
maintenir en permanence une pression revendicative à partir des besoins réels
des cheminots", et veut réunir le 28 janvier "toutes les fédérations pour un
échange et des perspectives d'action diverses dans les jours futurs".
L'année dernière, l'ensemble des syndicats de
cheminots avait également rejeté le projet de budget 2003, qui prévoyait 1.270
suppressions d'emplois. En cours d'exercice 2003, le plan d'économies Starter
avait encore réduit les effectifs de 1.350 postes.
François Fillon
rencontre les partenaires sociaux
Le ministre des Affaires sociales, François
Fillon, attend des syndicats, qu'il reçoit en bilatérales à partir du 26
janvier, qu'ils "s'engagent dans une discussion positive" pour améliorer les
conditions de l'emploi, se disant "ouvert à toutes leurs propositions.
Il a pris ses distances avec la proposition de
créer un contrat de projet, après le tollé que cette idée a provoqué dans
l'opinion. Le rapport Virville sur le droit du travail, remis à la mi-janvier et
devant servir de base à la réforme, a immédiatement soulevé une vive polémique.
Il avance notamment l'idée de créer un contrat pour les salariés qualifiés, qui
présenterait les mêmes garanties qu'un CDD mais dont la durée ne serait pas
fixée à l'avance et correspondrait à la durée d'un projet.
Les syndicats ont fustigé ce nouveau contrat,
qui créerait, selon eux, des "salariés jetables".
Cette hostilité a amené le Premier ministre,
Jean-Pierre Raffarin, à afficher dès la remise du rapport une attitude prudente
en assurant que le gouvernement ne prendrait pas "de mesures qui devraient
rendre le travail plus précaire". Le ministre des Affaires sociales, qui avait
un temps repris à son compte cette proposition, s'en est à son tour démarqué ces
derniers jours.
L'idée a en effet rencontré un écho défavorable
dans l'opinion: selon un sondage BVA publié jeudi, 53% des Français juge que la
création de ces nouveaux contrats serait "plutôt une mauvaise chose".
La cour de cassation avait mercredi apporté une
touche indirecte au débat en acceptant de requalifier en CDI les contrats
intérimaires de 19 salariés employés depuis plusieurs mois dans deux
entreprises, soulignant ainsi que le contrat à durée indéterminée devait rester
la norme.
Les syndicats ne devraient pas manquer de faire
valoir cet argument face à François Fillon, qui consultera les partenaires
sociaux jusqu'au 4 février. Le Medef plaidera, lui, pour le contrat de projet,
qu'il souhaite généraliser à tous les salariés.
D'autres pistes évoquées par les rapports
Virville et Marimbert (ce dernier consacré au service public de l'emploi), et
par le ministre lui-même ne manqueront pas de faire débat, qu'il s'agisse de
renforcer les obligations des chômeurs ou de créer de nouvelles instances
représentatives dans les entreprises.
François Fillon a assuré que la loi n'était
"nullement écrite à l'avance" et que les consultations se dérouleraient "sans
tabou" avec deux objectifs: "fluidifier le marché de l'emploi" et "sécuriser les
trajectoires professionnelles".
Mais plusieurs leaders syndicaux ont fait part
de leur scepticisme, à l'image de Bernard Thibault (CGT), qui a dit "douter du
bien fondé" de ces discussions, dont il craint qu'elles ne soient que "de
l'affichage".
Le ministre devrait proposer aux partenaires
sociaux la création de groupes de travail selon une méthode de concertation
proche de celle choisie sur les retraites. La loi "s'appuiera sur trois socles:
le rapport Virville, le rapport Marimbert et les négociations avec les
partenaires sociaux", indique-t-on au ministère. Ces dernières devraient durer
environ deux mois, mais aucun délai n'a été fixé pour la remise du projet de
loi.
Après la SNCF, grève dans les
hôpitaux français
Démarche sans précédent depuis plusieurs années, sept syndicats de
médecins et d'agents hospitaliers appellent conjointement à une journée de grève
le 22 janvier dans les hôpitaux, afin d'exprimer leurs inquiétudes face à la
"pénurie chronique" de moyens avec en toile de fond, la réforme gouvernementale
"Hôpital 2007".
Ce mouvement survient au lendemain d'une grève nationale à la SNCF
qui a entraîné d'importantes perturbations sur tout le réseau, et relancé le
débat sur le service minimum.
Le 20 janvier, les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD d'EDF et GDF
avaient donné le coup d'envoi de cette semaine de grogne sociale en organisant
une journée d'actions contre le changement de statut de l'entreprise.
Le 22 janvier, six syndicats d'Aéroports de Paris (CFDT, FO, CFTC,
CGT, Unsa et CFE-CGC) ont également appelé à la grève et à une manifestation
pour exprimer "leur refus de la privatisation" de l'entreprise.
Dans le secteur hospitalier, les syndicats CGT, FO, SUD, CFTC des
personnels de santé, et les syndicats CHG, CMH, INPH des médecins hospitaliers
déplorent "la dégradation permanente des conditions de travail des personnels
médicaux et non médicaux" ainsi que la "réduction continue de l'offre de soins",
devenues saillantes depuis le drame de la canicule puis les épidémies de grippe
et de bronchiolite début décembre.
Médecins et agents hospitaliers avaient déjà organisé le 16 décembre
une journée de "mobilisation"et d'information, prélude à la journée de jeudi,
afin d'exprimer leurs inquiétudes face à "Hôpital 2007". Ce texte, conçu pour
donner "plus de flexibilité aux hospitaliers", a enfoncé un coin dans le milieu
syndical.
Quatre syndicats de personnels hospitaliers (CFDT, Unsa, CFE-CGC et
le Syndicat national des cadres hospitaliers), qui représentent moins d'un tiers
des agents hospitaliers, ont signé mardi avec Jean-François Mattei un relevé de
conclusions sur la réforme de l'organisation interne de l'hôpital, l'un des
volets du plan.
La Cour de cassation rappelle les
limites du travail intérimaire
La Cour de cassation a accepté le 21 janvier la requalification en
contrat à durée indéterminée (CDI) de 19 intérimaires de l'automobile et
l'aéronautique, soulignant, dans une jurisprudence nouvelle, les limites du
travail intérimaire.
La Cour, qui se prononçait pour la première fois sur un dossier de
ce genre, "n'a pas condamné l'intérim mais elle a bien précisé que ce type de
contrat n'était pas fait pour remplacer les contrats à durée indéterminée.
Plus haute juridiction française en matière sociale, la chambre
sociale a confirmé les décisions des cours d'appel de Nancy et de Toulouse qui
avaient requalifié en CDI les contrats de 18 salariés ayant, via une société
d'intérim, travaillé pour la SOVAB, une filiale de Renault en Lorraine, durant
plusieurs mois et celui d'un ouvrier très qualifié chez Latécoère, une
entreprise aéronautique de Toulouse.
"Les effets de la requalifiaction remontent au premier jour de la
première mission irrégulière", précise encore la Cour de cassation.
De nombreux autres dossiers similaires sont en attente de jugement
devant différentes cour d'appel et devant la Cour de cassation et devraient être
jugés selon la même jurisprudence.
La SOVAB avait eu massivement recours à des travailleurs
intérimaires dans les années 90 pour faire face, selon cette société qui produit
des camionnettes, a un accroissement de l'activité.
Pour se justifier, l'entreprise avançait notamment qu'il était
impossible au début de l'augmentation de la charge de travail de savoir si cette
hausse serait durable ou non.
La Cour a fait une application stricte du code du travail qui
prévoit que "le contrat de travail temporaire (...) ne peut avoir pour objet
(...) de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente
de l'entreprise utilisatrice".
Elle a également jugé que les différents contrats de mission du
salarié affecté à l'entreprise Latécoère "avaient pour effet de pourvoir
durablement des emplois liés à l'activité normale et permanente de
l'entreprise".
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