4 syndicats de cheminots appellent à la grève le 21 janvier

 

Quatre syndicats de cheminots, la CGT, la Fgaac, Sud-Rail et FO ont décidé d'appeler à une grève nationale à la SNCF le mercredi 21 janvier, pour défendre notamment les salaires et l'emploi.

Réunies en interfédérale, la CGT-Cheminots (majoritaire), la Fgaac (autonome, 2e syndicat chez les conducteurs), Sud-Rail (3e chez les conducteurs) et FO-Cheminots (5e), ont décidé d'appeler à une grève le mercredi 21 janvier, date initialement prévue pour l'examen du budget 2004 SNCF par le conseil d'administration, qui a été repoussé au 28.

Les quatre syndicats appelant à la grève ont jugé largement insuffisantes les propositions faites par la direction dans la matinée lors d'une table ronde sur les salaires.

La direction de l'entreprise nationale a proposé une revalorisation des salaires de 1% sur l'ensemble de l'année 2004.

"La proposition de revalorisation salariale, de l'ordre de 1% sur l'ensemble de l'année 2004 nous semble très nettement insuffisante, compte tenu de l'année blanche pour les salaires en 2003 et de l'inflation qui devrait atteindre 3 à 4% sur l'ensemble des deux années", a déclaré Laurent Russeil, secrétaire fédéral de la CGT-Cheminots, à l'issue de la table ronde.

La Fgaac (autonome, deuxième syndicat chez les conducteurs), s'est également déclarée "déçue" et a affirmé qu'elle maintenait le "principe d'une journée d'action le 21 janvier", selon l'un de ses responsables, Jean-Paul Bersillon. "La SNCF a raté aujourd'hui l'occasion de renouer un vrai dialogue social", a commenté M. Bersillon.

Sud-Rail a estimé pour sa part que la proposition de la SNCF "planifie la baisse du pouvoir d'achat" des cheminots, et a appelé à la grève le 21 janvier. Il est "hors de question de négocier un accord salarial sur les bases énoncées par la direction" a expliqué le syndicat.

 

La CFDT-Cheminots, l'Unsa et la CFE-CGC ont décidé de ne pas se joindre au mouvement.

 

L'Unsa-Cheminots (premier syndicat chez les cadres) a fait savoir en revanche qu'elle ne "s'inscrivait pas dans la perspective d'une grève" le 21 janvier, voyant dans les propositions de la direction un "geste fort pour renouer le dialogue social", selon Jacques Duron, son secrétaire général.

Selon M. Duron, la direction a proposé 0,5% d'augmentation des salaires à partir du 1er janvier 2004, puis à nouveau 0,5% d'augmentation au 1er octobre 2004, ainsi qu'un "alignement des Smics les plus bas sur le Smic le plus haut pour les 3.200 agents les plus mal payés". Des "bilatérales" sur les salaires sont également prévues en mai et juin.

La CFTC-Cheminots a déclaré pour sa part qu'elle n'était "pas satisfaite" mais a estimé que la date du 21 janvier n'était "plus d'actualité". "Nous préférons attendre le budget 2004 et dans ce contexte, nous ne voulons pas mettre l'entreprise en difficulté par une nouvelle grève", a déclaré un responsable de la CFTC, Jean-Paul Ricatte.

 

La direction de la SNCF a présenté ses annonces salariales comme un signe de sa volonté de restaurer les bases du dialogue social dans l'entreprise, avec pour objectif d'obtenir dans l'année un "accord salarial signé" amélioré, a indiqué Pierre Izard, directeur des ressources humaines (DRH) de la SNCF.

 

Le mécontentement social "n'a cessé de croître"

 

"Le mécontentement n'a cessé de croître" affirme le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, qui dénonce "la culpabilisation des salariés et des Français" utilisée, selon lui, par le gouvernement pour préparer les réformes de la protection sociale.

Critique sur les projets actuels de lutte contre le chômage ou de mise en place d'un service garanti dans les transports en communs, M. Thibault estime dans un entretien publié par "Les Echos" que "ce qui domine, c'est une grande insatisfaction sur l'action du gouvernement".

"La situation se dégrade clairement sur le plan social: les inégalités s'accroissent, le pouvoir d'achat recule, la précarité augmente", affirme-t-il.

Selon lui, l'accent mis par le président Jacques Chirac sur l'emploi "n'est pas étranger aux échéances électorales". "Mais les pistes évoquées signifient surtout des dangers pour les garanties sociales."

Le secrétaire général de la CGT "conteste" ainsi le projet de contrat de mission. Ce nouveau contrat de travail dont la durée pourrait atteindre cinq ans renforcera, selon lui, une précarité "déjà bien trop grande".

M. Thibault rejette également la mise en place d'un service garanti dans les services publics qui viendrait "restreindre le droit de grève".

Vigilant sur la réforme promise de l'assurance maladie, Bernard Thibault juge que "l'intervention des salariés sera, là aussi, indispensable". Il dénonce à ce propos "un air de culpabilisation des salariés et des Français sur tous les sujets qui commence à devenir insupportable".

 

Les marins appelés à la grève contre un nouveau pavillon français

 

Les marins et officiers sont appelés le jeudi 11 décembre à la grève par six fédérations (CGT, CFDT, CFTC, FO, CGC et autonome) contre le projet de création d'un nouveau pavillon français pour la flotte de commerce, qui doit être discuté au Sénat, et qui, selon les syndicats, menace emploi et sécurité.

Une proposition de loi visant à créer "nouveau registre international français (RIF)" sera déposée jeudi 11 décembre au Sénat par Henri de Richemont (UMP). Le RIF vise à rendre plus attrayante l'immatriculation des navires de commerce sous pavillon français, selon le sénateur de Charente.

Mais les syndicats estiment que la mise en oeuvre du RIF conduirait à la création "d'une situation de non-droit social" où les conventions collectives ne seraient plus appliquées. Elle entraînerait, disent-ils, le recours à "des sociétés de marchands d'hommes" chargées de recruter des marins des pays en voie de développement à la place du personnel français. Autre "conséquence néfaste" selon eux: "la mise en danger de la sécurité maritime et l'augmentation des risques de catastrophes", comme le Prestige.

 

Rhodia supprime 572 emplois en France

 

Le groupe français de chimie Rhodia a annoncé le 10 décembre son intention de supprimer 572 emplois en France dans le cadre d'un plan d'économie.

A l'issue d'un comité de groupe, l'entreprise a précisé dans un communiqué qu'elle entend réduire ses dépenses de 120 millions d'euros en 2005, et de 165 millions en 2006. Ces mesures font partie d'un vaste plan d'économies et de restructuration.

Mobilisés dans le cadre d'une journée européenne de grève contre ce plan, les salariés, s'étaient rassemblés dans la matinée sur l'un des sites du groupe chimique français, Rhodia-Silicones à Saint-Fons (Rhône), dans la banlieue sud de Lyon.

Des appels à la grève ont également été lancés sur l'ensemble des sites français, mais aussi par les syndicats des sites italiens et espagnols.

Les salariés estiment que 160 à 180 postes au moins doivent être supprimés chez Rhodia Organiques, qui emploie 900 personnes en France et dont le siège est installé à Lyon. Ils craignent également la vente de la division Rhodia-Silicones, pour laquelle près de 600 personnes travaillent à Lyon et 240 personnes à Roussillon.

Le groupe Rhodia employe 4.700 personnes dans la région Rhône-Alpes soit la moitié des effectifs France (17% des effectifs mondiaux).

 

L'Assemblée vote la réforme du statut de France Télécom ou un pas de plus vers le démantèlement des missions du service public qui seront dorénavant ouvertes à concurrence  et attribuée après un appel à candidature.

 

Les députés français ont adopté le 5 décembre en première lecture le projet de loi réformant le statut de France Télécom qui autorise l'Etat, s'il le désire, à faire passer sous les 50% sa participation au capital de l'entreprise.

Les groupes UMP et UDF ont voté pour, les groupes socialiste et communiste contre.

Le projet de loi, qui traduit une directive européenne, donne la possibilité à l'Etat de réduire à moins de 50% sa participation dans le capital de l'entreprise, actuellement de 58,8%.

Il ouvre les missions de service public à la concurrence et maintient le statut de fonctionnaire des 104.000 salariés de France Télécom, indépendamment de l'évolution du capital et de la réglementation.

Il prévoit que l'ensemble des missions de service universel seront désormais attribuées à la suite d'un appel à candidatures, le service universel étant ainsi défini: fourniture au service téléphonique de qualité à un prix abordable, offre de tarifs sociaux, service de renseignements et d'annuaire et accès à des cabines téléphoniques sur le domaine public.

Par ailleurs, l'Assemblée a maintenu une disposition introduite par le Sénat qui supprime le monopole de la diffusion à TDF en France et à l'étranger.

 

Fonctionnaires: nouvelle dégradation du climat social liée aux salaires

 

Le climat social dans la Fonction publique a connu le 3 décembre 2003 une nouvelle dégradation liée au contentieux salarial, avec la décision unanime des fédérations d'interpeller directement le Premier ministre et de boycotter les chantiers de discussions ouverts par Jean-Paul Delevoye.

"Nous renouvelons notre exigence de négociations salariales qui permettent d'établir les conditions d'un dialogue social digne de ce nom", écrivent les fédérations CGT, CFDT, FO, FSU, UNSA, CFTC, CGC de la Fonction publique dans une lettre ouverte à Jean-Pierre Raffarin.

"Il faut laisser passer les fêtes de fin d'année mais nous avons déjà des appels dans nos rangs pour organiser des journées d'actions, dont on verra la forme et l'ampleur en janvier. Nous sommes prêts pour l'action, et l'ambiance n'est pas du tout la CFDT, la CFTC, la CGC d'un côté et les autres de l'autre", a déclaré Marie-Claude Kervella (CFDT).

Le 27 novembre, le ministre de la Fonction publique Jean-Paul Delevoye avait indiqué qu'il n'y aurait aucune mesure générale pour augmenter les salaires des 5,2 millions de fonctionnaires en 2003, et que seule une augmentation de 0,5% serait consentie au 1er janvier 2004.

Les syndicats réclamaient une revalorisation de 3,6% du point d'indice (servant à calculer le salaire) pour combler le différentiel avec l'inflation depuis le 1er janvier 2000.

M. Delevoye, qui veut mettre en place "une nouvelle méthode et de nouvelles règles de négociation", a prévu l'installation dès janvier d'un observatoire et d'une conférence de méthode sur les rémunérations.

Les organisations syndicales ont affirmé qu'elles boycotteraient ces instances.

"Nous en avons marre de servir d'alibi", a déclaré Bernard Lhubert (CGT). "Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles, M. Delevoye parle de dialogue social, alors qu'il le pratique!", a renchéri Hervé Baro (UNSA).

"L'idée est de marquer le coup et de dire clairement qu'on ne veut pas cautionner quelque chose qui n'est pas du dialogue social. Nous ne participerons pas à ce processus", a souligné Gérard Aschiéri (FSU).

"Au-delà de la question salariale, nous faisons le constat de l'absence de réel dialogue social", ont ajouté les fédérations, qui dénoncent le fait d'être "systématiquement mises devant le fait accompli".

L'intersyndicale a ainsi annoncé qu'elle allait boycotter trois autres réunions prévues en décembre: le Conseil supérieur de la Fonction publique de l'État du 11 (qui doit entériner la suppression du lundi de Pentecôte), l'Observatoire de l'emploi public du 9 et le groupe de travail sur la pénibilité du 5.

"La situation nécessite une réaction de haut niveau de la part des personnels", a estimé l'intersyndicale, qui appelle les fonctionnaires "à se réunir en assemblées générales pour débattre de l'action et de ses modalités sans en exclure aucune".

Ce contentieux salarial survient après le dossier des retraites, qui a vu les fonctionnaires payer le tribut le plus lourd à la réforme, et la rigueur budgétaire à l'automne qui se traduira par la suppression nette en 2004 de 4.561 postes dans la Fonction publique de l'État.

 

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