Les syndicats roumains réclament 50% d'augmentation de salaires

 

Le 24 mars près de 10000 salariés, sur les 14000 de Renault Dacia en Roumanie, ont fait grève. Après un week-end de négociations infructueuses avec la direction, les syndicats ont une nouvelle fois mobilisé la grande majorité des salariés de l'usine qui construit la Logan, située à une centaine de kilomètres de la capitale, Bucarest. La grève est déclenchée pour une durée indéterminée. Au cœur du conflit, les augmentations de salaires pour 2008.

En moins de 10 ans, grâce au succès de la voiture à bas prix Logan, Dacia est devenue l'une des marques phares de Renault. Les salariés de la filiale roumaine réclament un partage plus équitable des bénéfices. Ils demandent 550 lei (soit 147 euros) d'augmentation pour tous. Dacia, selon les syndicats, aurait dégagé plus de 300 millions d'euros de bénéfices ces deux dernières années. Le constructeur pourrait donc se permettre de payer 2 millions d'euros de plus de masse salariale.

La direction est prête à accorder 19% de croissance salariale en moyenne, primes comprises. On est bien loin des 64% demandés par les syndicats.

C'est donc un véritable dialogue de sourds. Chacun brandit ses statistiques, son salaire moyen dans l'usine contre le salaire moyen en Roumanie, dans l'industrie, dans la branche automobile, tout cela comparé au prix du pain.

L'année dernière, 230000 véhicules sont sortis des lignes de production. Les négociations devraient donc se poursuivre alors que se profile une situation nouvelle : la pénurie de main-d'œuvre que la Roumanie cherche à compenser par l'arrivée d'ouvriers asiatiques payés 30% de moins que les Roumains.

 

Les syndicats des télécoms grecques contre l'arrivée de Deutsche Telekom

 

Les syndicalistes de l'Office des Télécommunications de Grèce (OTE) ont entamé une série de mobilisations à partir du lundi 24 mars pour protester contre le rachat de quelque 20% du capital social de l'entreprise par Deutsche Telekom, estimant que cette évolution ouvre la voie à la privatisation intégrale de l'OTE.

Les syndicats sont épaulés dans cette opération par le PASOK (parti socialiste) lequel a déposé une interpellation aux ministres de l'Economie et Finances et des Transports et Communications, en dénonçant une tentative de bradage de la société.

 

Réforme des retraites : les syndicats grecs résistent

 

Les syndicats grecs n'ont pas dit leur dernier mot. Au lendemain de l'adoption de la réforme controversée des retraites, ils ont annoncé la poursuite du mouvement de contestation pour un retrait du texte. Grèves et manifestations sont au programme.

La nuit dernière, après 17 jours de grève nationale qui ont plongé le pays dans le chaos, les manifestations ont dégénéré en échauffourées au centre d'Athènes à l'annonce du résultat du vote.

La réforme élaborée par le gouvernement conservateur a été approuvée par 151 voix sur 300. Celle-ci allonge la durée des cotisations obligatoires, incite les salariés à travailler au-delà de l'âge de la retraite et opère un regroupement des fonds de pension. Particulièrement lésées par cette réforme, les mères de famille. Alors qu'il leur suffisait de travailler 15 ans pour partir en retraite, elles devront désormais attendre d'avoir 55 ans. D'autre part, l'âge de retraite pour les femmes passe de 62 à 65 ans, comme les hommes. Il est également relevé pour les métiers physiquement éprouvants. La colère de la population s'explique par le fait que les conservateurs avaient été réélus en septembre sur la promesse de ne pas toucher aux régimes de retraite.

 

Les syndicats européens dénoncent la montée des emplois "précaires"

 

Plus d'emplois mais de "moins bonne qualité" :. Tel est le constat, et l'inquiétude, de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui a étudié l'emploi dans les vingt-sept pays de l'Union européenne, à travers les observations de ses membres - 82 syndicats nationaux et "60 millions de syndicalistes".

A l'occasion de la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement européens des 13 et 14 mars à Bruxelles, qui ont abordé les objectifs sociaux et économiques de la stratégie définie à Lisbonne pour accroître la compétitivité de l'Europe, la CES a publié un rapport qui souligne la montée de la précarité.

Plusieurs millions d'emplois nouveaux sont créés chaque année. Mais de plus en plus de salariés se voient proposer des contrats à durée déterminée, à temps partiel, bien souvent non choisis.

Trente-deux millions de personnes, soit 14,5 % des travailleurs européens, ont un contrat à durée déterminée, alors qu'ils n'étaient que 22 millions en 1997 (11,5 %). De plus, 40 millions sont à temps partiel (18 %), contre 32 millions il y a dix ans. Et sur ce nombre, la proportion de ceux qui se voient contraints de travailler à temps partiel "parce qu'ils n'ont pas trouvé de temps plein" est aussi en augmentation, 20 % contre 15 % en 2002.

Enfin, note la CES, le problème des travailleurs "pauvres", qui reçoivent un salaire faible, c'est-à-dire inférieur aux deux tiers du salaire médian de leur pays, concernerait 31 millions de salariés. L'augmentation des salaires sera la revendication centrale de l'"euro-manifestation" qui se doit se dérouler dans la capitale slovène, Ljubljana, le 5 avril, à l'occasion de la réunion des ministres de l'économie et des finances.

Selon Ronald Janssen, conseiller économique de la CES et auteur de l'étude, "les patrons usent et abusent de l'argument de la mondialisation pour justifier d'embaucher sur des durées courtes". Bien souvent, ajoute M. Janssen, "cela permet de transformer des postes à durée indéterminée en une succession de contrats à durée déterminée".

Pour chaque problème identifié, M. Janssen cite des exemples. L'"explosion" des contrats à durée déterminée ? "Ils représentent 30 % du total en Espagne et concernent 6 millions de salariés". La France n'est pas en reste puisque 75 % des embauches s'y font sous la forme de contrats temporaires.

Pour l'augmentation des temps partiels, le syndicaliste cite des abus dans tous les pays. Il évoque la Grèce, l'Italie, la Pologne sur le problème des "faux indépendants", ces salariés travaillant pour un employeur avec le statut d'"indépendant", ce qui évite à celui-ci de payer des charges et des cotisations sociales. Ce phénomène touchait 40,7 % des salariés en Grèce en 2006, selon des chiffres de la Commission européenne.

Les mobilisations en Allemagne soulignent l'importance qu'a pris le problème des bas salaires dans le pays : 6 millions de salariés, soit 22 % du total, touchent des "salaires pauvres". Une situation qui s'explique, note M. Janssen, par l'absence de salaire plancher de référence. L'instauration d'un tel minimum est une revendication de la CES.

 

Pression des syndicats, salaires dérisoires, flambée des prix : Le gouvernement s’enlise dans les conflits sociaux (*source transmis par notre correspondant en Algérie)

 

Si la contestation sociale persiste depuis des mois, c’est parce que la situation des travailleurs ne cesse de se dégrader. Le gouvernement donne l’impression d’être dépassé et de ne pas savoir comment s’y prendre pour désamorcer la crise. Hier encore, le président du Conseil de la nation a rebondi sur la contestation des syndicats autonomes pour défendre la position du gouvernement.

Les syndicats autonomes promettent de reprendre le chemin de la contestation. Face à cette persistance du conflit social, le gouvernement fait preuve, selon de nombreux observateurs, de manque d’imagination, d’incapacité à agir, à trouver la bonne solution au bon moment. Ne sachant plus quelle démarche suivre, il s’agite dans tous les sens. Tentant d’absorber le mécontentement des fonctionnaires quant à la nouvelle grille des salaires, le gouvernement de Abdelaziz Belkhadem institue une indemnité supplémentaire variant de 1500 à 3200 DA. Mais cela demeure en deçà des aspirations de quelque 1,5 million de fonctionnaires. Le chef du gouvernement se précipite également à annoncer l’application des augmentations de salaires dès le mois courant (mars) pour freiner l’élan du front social, marqué par des grèves cycliques. Cela alors que les statuts particuliers ne sont pas encore adoptés. Mais cette annonce reste sans écho et les travailleurs n’y croient pas trop. La contestation s’inscrit dans la durée. Il s’attaque ainsi à ce qu’il considère comme la source du problème : les syndicats autonomes. Il piétine ainsi le droit constitutionnel à la grève à ces syndicats agréés dans leur majorité qui défendent les intérêts des travailleurs qu’ils représentent. Le gouvernement, par exemple, qualifie la grève des 24, 25 et 26 février dans le secteur de la Fonction publique d’« agitation infondée ». Il saisit même la justice qui déclare cette grève illégale. La même procédure a été déjà suivie pour mettre fin à la grève des paramédicaux les 17, 18 et 19 février. Aussi, des sanctions ont été prises contre des contractuels grévistes et des syndicalistes. La tension monte d’un cran. Ne voulant pas jeter de l’huile sur le feu, le chef du gouvernement rassure qu’aucun fonctionnaire ne sera licencié. Mais il affirme en même temps que des mesures disciplinaires vont être prises contre les grévistes, évoquant la réglementation en vigueur. Cela ne dissuade pas les syndicats autonomes à poursuivre leur marche. Au contraire, ils se montrent de plus en plus résolus à aller jusqu’au bout de leurs revendications. En face, le gouvernement donne l’impression d’être dépassé et de ne plus savoir comment s’y prendre pour désamorcer la crise. En tout cas, son agacement est très perceptible. Hier encore, Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, a jugé nécessaire de rebondir sur la contestation portée par les syndicats autonomes non pas pour défendre la liberté syndicale, mais pour défendre la position du gouvernement qui refuse d’ouvrir des négociations avec eux. Ainsi, M. Bensalah, membre influent au sein du RND, conteste le recours à la grève par ces syndicats, estimant que le gouvernement fait le nécessaire pour « améliorer » la situation socioprofessionnelle des fonctionnaires. Pour ce deuxième personnage de l’Etat, derrière ce mouvement de protestation sociale « se cachent des desseins autres ». Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de la centrale syndicale, multiplie rencontres et sorties médiatiques pour tenter, de son côté, de rassurer les travailleurs et de les dissuader de suivre le chemin de la contestation. En vain. Si la contestation sociale persiste depuis des mois, c’est parce que la situation des travailleurs ne cesse de se dégrader. Avec surtout l’incessante flambée des prix des produits alimentaires dont l’huile de table devenue inabordable. La réalité est là. Difficile de s’en cacher.

 

 

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