Tollé des syndicats de cheminots avant le débat sur le "service minimum"

 

Présenté par une association d'usagers comme un "possible cadeau de Noël" du gouvernement Raffarin, l'éventuelle instauration d'un "service minimum" dans les Transports publics dont le Parlement s'apprête à débattre suscite un véritable tollé de la part des fédérations syndicales de cheminots.

Promesse de Jacques Chirac, ce service "minimum" ou "garanti" est en effet revenu au premier plan après le conflit de mai-juin derniers, et fait depuis l'objet d'une grande sollicitude de la part de parlementaires et de certains ministres.

Début septembre, le ministre décidait ainsi, à l'issue d'une "table ronde" avec l'ensemble des syndicats SNCF et RATP, d'entamer avec eux, "dans un esprit de culture sociale et sans idée préconçue", un tour d'Europe "pour observer les différentes pratiques en matière de continuité de service public en conciliation avec le droit de grève".

M. de Robien avait alors déclaré "croire sincèrement que ce qui est résolu par la voie contractuelle a de meilleures chances de fonctionner" qu'une loi.

Depuis six fédérations de cheminots (CGT, FO, CFTC, Sud rail, Unsa, Fgaac) ont unanimement exprimé leur "refus" d'une mise en place d'un service minimum à la SNCF, estimant que le vote d'une loi sur ce sujet "risque d'exacerber la conflictualité" dans l'entreprise.

"Nous refusons cette limitation (du droit de grève,) alors qu'aujourd'hui, le mécontentement des cheminots grandit et qu'ils se mobilisent pour obtenir des moyens supplémentaires permettant de conforter et de développer le service public SNCF" ont-elles indiqué dans une lettre transmise mercredi à la direction de l'entreprise ferroviaire.

L'une après l'autre, les fédérations de cheminots ont réaffirmé cette semaine et de vive voix au ministre des Transports, leur hostilité à ce projet.

Malgré ce tollé syndical le débat est bien lancé. Le président du groupe UMP, Jacques Barrot, a ainsi annoncé la tenue d'un débat sur l'instauration du service minimum, le 9 décembre à l'Assemblée, qui sera précédé de la présentation, le 4, par le député UMP Robert Lecou d'un rapport sur le service minimum en Europe.

 

La grogne contre les "réformes Ferry" s'étend dans les universités

 

Les étudiants de six universités ont voté un appel à la grève pour protester contre l'harmonisation européenne des diplômes et le projet d'autonomie des universités, rejoignant ainsi Rennes 2, en grève depuis le 5 novembre, et Paris 13-Villetaneuse, depuis le 13 novembre.

 

Sud et la CNT ont appelé mercredi à la grève dans toutes les universités jeudi, tandis que le syndicat de droite, l'Uni, a dénoncé une "campagne de désinformation" des autres organisations étudiantes. "Nous relayons l'appel de l'assemblée générale de Rennes 2", d'où est parti le mouvement "pour une journée d'action et de grève sur les universités" jeudi afin de protester contre la mise en application de l'harmonisation européenne des diplômes et le projet d'autonomie des universités.

 

De son côté, l'Uni, favorable à ces réformes, a demandé "aux rectorats de faire preuve d'une grande fermeté afin d'éviter tout dérapage" et dénoncé une "campagne de désinformation" des autres syndicats.

 

Des assemblées générales d'étudiants ont voté la grève mardi dans les universités de Caen, Grenoble 3, Nantes et Versailles-Saint Quentin, a indiqué le principal syndicat étudiant, l'UNEF, qui organise une semaine d'action dans les universités. Mercredi après-midi, Nancy 2 s'est joint au mouvement, ainsi que Lyon 2, deux universités de lettres et sciences humaines, selon la même source. Les assemblées générales ont réuni 700 étudiants à Caen, 600 à Grenoble 3, 1.200 à Nantes, et 800 à Versailles-Saint Quentin, a précisé l'UNEF.

 

Le mouvement est plus important que l'automne passé, où l'UNEF n'avait pas du tout mobilisé sur les mêmes sujets, mais reste encore très incertain. Certaines assemblées générales d'étudiants, comme à Paris 10-Nanterre ou à Strasbourg n'ont pas voté la grève, tout en dénonçant les réformes.

 

Signe d'une certaine inquiétude du ministère sur la suite du mouvement, Luc Ferry, qui inaugurait le salon de l'éducation à Paris, a appelé les étudiants à ne pas croire les "blagues" qu'on leur raconte. La journée a d'ailleurs été ponctuée d'échanges acides entre le ministre et le président de l'UNEF Yassir Fichtali qui a demandé au ministre "d'écouter" les étudiants "plutôt que de les mépriser".

 

"On est en train de raconter des blagues aux étudiants. Il n'y aura pas d'augmentation des droits d'inscription, pas de privatisation de l'université, pas de mise en concurrence. Tout cela n'a aucun sens", a déclaré Luc Ferry. Dans la soirée, il a publié un communiqué en cinq points pour répondre aux "rumeurs" qu'il accuse les syndicats étudiants de propager afin de mobiliser les étudiants.

 

L'ensemble du mouvement s'inscrit dans un contexte où les conseils d'administration de plusieurs universités sont en train de voter la mise en application de l'harmonisation européenne des diplômes, dite réforme LMD pour licence-master-doctorat.

 

Le ministère a aussi reçu les directeurs d'IUP (instituts universitaires professionnalisés) dans la journée pour les rassurer sur leur avenir dans le cadre de l'application de cette réforme.

 

Jeudi, l'UNEF a appelé à un rassemblement à Paris à 15h00 au métro rue du Bac (7e arrdt), tandis que d'autres rassemblements sont prévus dans d'autres villes, comme Rennes, Brest, Nancy, Nantes, Strasbourg ou Toulouse.

 

Pour la suite du mouvement, tous les regards sont tournés vers Rennes 2, d'où est partie la mobilisation, avec la seule assemblée générale d'une taille conséquente, avec environ 3.000 étudiants. Le texte voté par Rennes 2 sert d'ailleurs de base à d'autres assemblées générales.

 

Jeudi également, de nouvelles AG auront lieu notamment à Strasbourg à l'université Marc Bloch, à Metz à l'appel de l'UNEF et de Sud Etudiants, à Toulouse, ainsi qu'à Bordeaux et Pau.

 

Succès pour les dockers Le Parlement européen rejette le projet de directive portuaire

 

Les dockers ont obtenu satisfaction avec le rejet le 20 novembre par le Parlement européen de la directive sur la libéralisation des services portuaires. Réunis à Strasbourg en séance plénière les députés européens ont repoussé par 229 voix contre 209 et 16 abstentions la dernière version du texte résultant d ’un compromis difficilement trouvé en septembre entre les parlementaires et la Commission de Bruxelles.

Au Havre,le syndicat CGT des dockers qui regroupe les 1.700 dockers de la place a aussitôt salué «une grande victoire » pour le personnel.« Nos politiques ont fait preuve de lucidité car ils ont compris que nous étions assez bien structurés et qu’il fallait s’attendre à des bagarres sociales féroces si le projet était voté »a déclaré Michel Catelain,secrétaire général adjoint du syndicat. Les syndicats s’opposaient en particulier à la disposition qui aurait autorisé les équipages des navires à décharger eux-mêmes leur cargaison à la place des dockers.« Les armateurs auraient voulu faire subir aux dockers ce qu’ils ont fait subir aux marins avec les pavillons bis »a ajouté Michel Catelain. Le syndicaliste a toutefois précisé que l’International docks workers council (IDC)et l ’European transport federation (ETF)qui ont organisé la protestation contre le projet restaient « vigilants » car ils estimaient que « les armateurs reviendraient certainement à la charge sous une autre forme »Plusieurs journées de grève dont certaines à l ’échelle européenne ont été organisées ces derniers mois contre ce projet en discussion depuis début 2001.La dernière s ’est déroulée le 17 novembre et a perturbé l’activité de plusieurs ports européens notamment en France et en Espagne.

 

Présentation du nouveau contrat de plan de La Poste

 

Après plusieurs mois d'attente, les lignes directrices du projet de contrat de plan de La Poste ont été dévoilées: ses services financiers seront étoffés, ses centres de tri modernisés et son réseau postal réaménagé sur le territoire sans être réduit.

Quant au réseau des 17.000 points de contact de La Poste, le ministre déléguée à l'industrie, Nicole Fontaine, a assuré qu'"il n'y aura pas de fermetures mais des ouvertures de bureaux" et que "la présence postale sera assurée partout sous des formes diversifiées, ce qui suppose une concertation étroite avec les élus".
L'opérateur public continuera de prendre en charge les retraites des fonctionnaires.

Ce contrat de plan, qui fixe les orientations économiques et stratégiques de l'établissement public pour 2003-2007, répond au double impératif de modernisation et d'un retour durable à la rentabilité pour La Poste.

Les maigres résultats du groupe et sa faible capacité d'autofinancement ont été pointés du doigt à plusieurs reprises par le gouvernement. La Poste, dont 62% du chiffre d'affaires est en concurrence, sera confrontée à une libéralisation totale de son activité courrier en 2009.

En matière de services financiers, La Poste n'obtient satisfaction que sur une de ses doléances: elle pourra distribuer du crédit immobilier sans épargne préalable. Elle le faisait déjà mais au travers de Plan d'épargne logement.

Un établissement de crédit, détenu à 100% par l'opérateur, et qui regroupera l'ensemble des activités financières de La Poste, sera créé selon des modalités définies d'ici 2005.

En revanche, l'opérateur n'obtient pas l'autorisation de vendre de contrats d'assurance dommages.

L'effort de modernisation concerne plus particulièrement le courrier qui souffre d'un retard important en termes d'automatisation des centres de tri et doit améliorer sa qualité de service.

 

Les salariés de la Comilog obtiennent la renégociation de leur plan social

 

Les salariés de la Comilog ont obtenu gain de cause. A l'issue d'une journée de blocage de la zone portuaire et industrielle de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), les salariés de cette usine de ferromanganèse, qui doit fermer ses portes à la fin de l'année, ont obtenu lundi soir la renégociation de leur plan social.

Ces négociations débuteront le 23 octobre à la préfecture du Pas-de-Calais, en présence de Jacques Bacardats, PDG de la maison-mère, le groupe métallurgique Eramet.

Depuis près de deux mois, les salariés réclamaient de meilleures conditions financières de départ. Les syndicats souhaitent obtenir des conditions de départ similaires à celles d'un précédent plan social, signé en 1999.

Un comité d'entreprise de la Comilog s'était interrompu le 20 octobre en milieu d'après-midi sans qu'un accord soit trouvé avec la direction de l'usine.

Eramet emploie 351 personnes sur son site industriel de Boulogne-sur-Mer. L'activité métallurgique représente 57% des 1,650 millions de tonnes du trafic du port de commerce.

Les salariés dénoncent "l'incapacité de l'Etat à faire plier Eramet" alors qu'il en est un actionnaire indirect, à hauteur de 27,7% via le groupe Areva et le BRGM

 

Cour des Comptes: la Poste doit rattraper son retard face à la concurrence

 

La Poste doit "rattraper de manière urgente son retard" dans l'ensemble de ses activités si elle veut pouvoir rivaliser avec ses concurrents européens, faute de quoi "elle n'échappera pas à un déclin qui peut être rapide", estime la Cour des Comptes dans un rapport publié le 21 10 2003.

Ce rapport, fruit de trois années d'études sur "Les comptes et la gestion de la Poste" pour la période 1991-2002, est publié au lendemain de la présentation des grandes lignes du contrat de plan de La Poste, qui prévoit un élargissement des services financiers au crédit immobilier sans épargne préalable, une modernisation des centres de tri et une réorganisation de la présence postale pour renouer avec une rentabilité durable et affronter la concurrence.

"La Poste est aujourd'hui par rapport aux concurrents prêts à pénétrer sur son marché en situation d'infériorité dans la plupart des domaines: les capacités financières, le niveau d'équipement, l'organisation, la qualité du service rendu, les résultats...", résume le rapport.

La structure des activités de La Poste est d'autre part "un élément de fragilité", l'opérateur réalisant encore 59% de son chiffre d'affaires avec le courrier en 2002, activité pourtant en "déclin prévisible".

Les services financiers "sont menacés de sclérose", si bien que l'Etat "devra autoriser un élargissement de la gamme des activités", conformément aux règles de droit commun sur ce secteur.

Surdimensionné, le réseau de bureaux et d'agences de La Poste -environ 17.000 points de contacts, dont 3.000 agences postales et 14.000 bureaux ou guichets annexes- est "un handicap majeur", tandis que le nombre de salariés est "un poids" pour la rentabilité, selon le rapport.

Se basant sur une étude interne de La Poste, il estime qu'avec seulement 6.013 bureaux dits "d'accessibilité", le groupe "ne subirait aucune perte de son chiffre d'affaires et améliorerait encore son résultat de 451 millions d'euros". Ces bureaux "permettraient à 80% des ménages d'être à moins de 2 km d'un bureau dans les villes de plus de 10.000 habitants, et à moins de 10 km dans les villes inférieures à 10.000 habitants".

Parallèlement, les 325.000 agents postaux travaillant - pour 295.000 emplois équivalents temps plein recensés en 2001 - sont un "poids de masse salariale" qui constitue "indéniablement un handicap de productivité", estime la Cour des comptes.

 

La CGT dit non à une privatisation d'EDF-GDF

 

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault et la fédération mines énergie ont opposé mercredi un "non" catégorique à une privatisation d'EDF et de GDF, dont le gouvernement souhaite ouvrir le capital.

 

"Que ce soit clair, toute la CGT s'opposera avec vigueur à toute tentative de céder au plus offrant le patrimoine national qui garantit la pérennité et la qualité du service public", a martelé B. Thibault. Il a ajouté: "à aucun prix nous n'accepterons la privatisation d'EDF ou de GDF".

Lundi, au premier jour du congrès, le secrétaire général adjoint de la FNME, Frédéric Imbrecht, avait interpellé le Premier ministre: "M. Raffarin, très paisiblement mais définitivement, la CGT ne négociera pas la modification juridique du statut d'EDF-GDF, sauf s'il s'agit de fusionner ces deux entreprises dans un cadre 100% public

"Cette bataille on ne la gagnera pas seul", a toutefois affirmé M. Imbrecht futur secrétaire général de la Fédération Energie de la CGT en annonçant pour "la semaine prochaine une réunion de quatre fédérations syndicales de l'énergie (CGT, CFDT, FO, CFTC) opposées à la privatisation", ainsi que la publication d'un "quatre pages sur les enjeux de l'énergie", qui sera diffusé à trois millions d'exemplaires auprès des usagers et remis aux élus.

 

L'intersyndicale du CNDP réitère son refus de délocalisation

 

L'intersyndicale des salariés du Centre national de documentation pédagogique (CNDP) a réitéré le 15 octobre, son refus de toute délocalisation de cet organisme qui doit quitter Paris pour être transféré sur le site du Futuroscope à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne).

La décision en a été prise par le gouvernement il y a un an, combattue dès le départ par les salariés, et les premières installations commencent actuellement.

L'intersyndicale saisit cette occasion pour "réaffirmer que le CNDP doit impérativement rester en Ile-de-France". Elle dénonce à nouveau la délocalisation à Chasseneuil, fief de Jean-Pierre Raffarin, déclarant que la seule raison de ce "rapt d'emplois publics" est "électoraliste".

L'intersyndicale a également évoqué de récents propos du directeur du CNDP, Claude Mollard, parlant de difficultés (15 personnes seulement sur 460 salariés ont actuellement accepté le transfert) et suggérant le maintien d'une antenne à Paris avec peut-être 150 personnes chargées notamment du secteur éditorial. Elle souligne donc que "le CNDP ne doit pas être scindé. Il doit rester implanté dans un lieu unique".

"Ce lieu existe, il se trouve à Vanves dans un immeuble de 13.000 mètres carrés qu'occupait le Cned (enseignement à distance) lui aussi délocalisé au Futuroscope. Pourquoi ne pas l'utiliser au lieu de dépenser 16,23 millions d'euros pour déménager?", dit-elle.

 

Restructuration de Giat Industries:

Démonstration de force à Tulle

 

Salariés et syndicats de Giat Industries ont fait jeudi une démonstration de force en Corrèze sur les terres chiraquiennes, où entre 3.000 et 4.500 personnes ont exigé le retrait du plan de restructuration du groupe public d'armement terrestre.

En choisissant Tulle comme point de ralliement pour une manifestation d'ampleur nationale, l'intersyndicale voulait pousser Jacques Chirac, chef des armées, à "intervenir pour éviter que la France ne subisse un nouveau et profond séisme industriel et social".

Formant un cortège bruyant et coloré, salariés actifs, retraités et élus politiques ont défilé sous un ciel capricieux dans les rues de la ville où de nombreux commerçants avaient baissé leur rideau en signe de solidarité.

 

"Chirac, comment défendras-tu la paix sans armement?" ou "Y a-t-il un président pour sauver le Giat?" pouvait-on lire sur les banderoles. Six mois après l'annonce du plan de restructuration, qui prévoit la suppression de 3.750 emplois sur 6.250, Jacques Chirac est considéré par les personnels comme un ultime recours pour tenter d'empêcher la mise en oeuvre du plan.

Le dossier Giat est "éminemment politique et nous exigeons que Jacques Chirac se saisisse du dossier", a affirmé la CFDT. "Il doit sortir de son silence, sa responsabilité est directement engagée", a ajouté la CGT.

A l'issue d'une entrevue à la préfecture avec les conseillers social et industriel de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, les syndicalistes ont vivement déploré que l'Elysée n'ait "pas envoyé d'émissaire".

 

"Sur le plan social, le gouvernement semble prêt à nous donner quelques bribes. Avec la manifestation d'aujourd'hui, nous attendions d'autres annonces. Nous devons poursuivre la mobilisation dans les jours qui viennent", ont-ils commenté.

 

La procédure de consultation sur le plan de restructuration doit prendre fin le 27 octobre. Le 20, ce sera au tribunal de Versailles de se prononcer sur la suspension ou non du projet.

 

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