La CGT accuse le Premier ministre de "jouer la montre"
La CGT estime que le Premier ministre Dominique de Villepin s'est livré le 6 octobre à un "exercice de communication pour jouer la montre", en cherchant "à justifier les axes de sa politique économique et sociale" "Dans une longue prestation télévisée, le Premier ministre, en réaction à la puissante journée de mobilisation du 4 octobre, a d'abord cherché à justifier les axes de sa politique économique et sociale". "Force est de constater que, s'il reconnaît l'ampleur des mécontentements exprimés par les grèves et les manifestations, le Premier ministre entend continuer sur la même trajectoire", notamment sur le contrat nouvelles embauches. La CGT rejette également "l'ultimatum aux salariés en grève", dans le dossier de la SNCM. "Pour tenter de donner le change", le Premier ministre "annonce vouloir maintenant discuter avec les syndicats (...) sans avoir, à aucun moment, donné la perspective de déboucher sur des mesures concrètes répondant aux revendications en matière d'emploi, de pouvoir d'achat et de développement des services publics". Pour la CGT, "l'exercice de communication du Premier ministre se résume à un service minimum en matière de discussion avec les syndicats et une tentative de jouer la montre". En conclusion, la CGT juge que "les salariés du privé et du public ont toutes les raisons de poursuivre leur mobilisation dans leur entreprise, leur branche professionnelle", et souhaite "que la rencontre prévue entre les organisations syndicales permette de déboucher sur d'autres initiatives unitaires".
Selon les syndicats, un million de personnes ont pris part aux 150 manifestations organisées le 4 octobre sur l'ensemble du territoire. De quoi combler les leaders syndicaux. Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a affirmé à la mi-journée qu'«il y aurait plus de manifestants que le 10 mars dernier, soulignant que le nombre d'arrêts de travail, «notamment dans le privé» était «particulièrement important».
FO dénonce "un grignotage par petits bouts" du CDI
Jean-Claude Mailly a dénoncé le 16 janvier 2006 "un grignotage par petits bouts" du CDI et une discrimination à l'encontre des jeunes de moins de 26 ans. "Contrairement à ce que dit le Premier ministre, le contrat première embauche (CPE) est une extension du contrat nouvelles embauches avec la même période d'essai de deux ans. Aujourd'hui, alors qu'on n'a aucune évaluation sérieuse du CNE, on l'étend à toutes les entreprises pour les moins de 26 ans ce qui représente d'ailleurs une discrimination à leur encontre". "Il y a bien une volonté de, petits bouts par petits bouts, grignoter le CDI. Et l'annonce du Premier ministre d'une discussion sur la réforme du contrat de travail s'inscrit dans cette démarche". Il s'inquiète par ailleurs des exonérations de charges patronales pour les contrats jeunes en entreprise, mesure qui selon lui "risque de fragiliser le système de financement de la protection sociale". En revanche, le secrétaire général de FO estime "plutôt positives" les mesures concernant la formation en alternance et les stages qui devront être indemnisés lorsqu'ils durent au moins trois mois.
La CGT prévoit une journée d'action le 31 janvier
La CGT prévoit d'organiser une journée nationale de mobilisation pour la défense de l'emploi le 31 janvier mais ne sera pas suivie par les autres syndicats, déclare son secrétaire général, Bernard Thibault. Interrogé sur France 2 sur les mesures du plan emploi du Premier ministre, Dominique de Villepin, il a estimé que faire de la lutte contre le chômage la priorité "n'est pas une déclaration nouvelle". "Ce n'est pas ça qui va nous rendre optimiste", a noté Bernard Thibault, soulignant que la CGT entendait continuer à agir à la base sur le front de l'emploi. "Le 31 on aura une journée de mobilisation pour débattre avec les salariés dans l'entreprise les modalités (...) pour se faire entendre". Il a reconnu que cette journée d'action, qui n'inclut apparemment pas d'appel à la grève, n'avait pas l'aval des autres organisations syndicales. "La plupart de mes homologues considèrent qu'il est urgent d'attendre, de faire le dos rond," a-t-il ajouté, déplorant l'absence d'unité syndicale, à la différence de la journée nationale d'action du 4 octobre dernier pour la défense de l'emploi et du pouvoir d'achat. "Nous avons été efficaces le 4 octobre, je regrette qu'il y ait un abandon progressif des revendications communes".
Fonctionnaires: M. Chirac déçoit des syndicats qui attendent des actes
Les syndicats de fonctionnaires ont estimé que Jacques Chirac n'avait rien avancé de nouveau le 6 janvier, pressant le gouvernement de concrétiser ses propositions, à l'approche d'une réunion déterminante sur les salaires avec le ministre de la Fonction publique jeudi. Lors de ses voeux aux fonctionnaires à Metz, Jacques Chirac a réitéré la volonté du gouvernement d'ouvrir la Fonction publique au secteur privé et aux Français issus de l'immigration. Le chef de l'Etat s'est aussi prononcé en faveur d'une plus grande mobilité des fonctionnaires au sein des administrations. Il a par ailleurs repris une idée déjà exprimée par Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, selon laquelle la moitié des économies réalisées par les réductions d'effectifs serait reversée aux agents.
Les responsables syndicaux, à l'image de Gérard Aschieri, leader de la FSU, ne voient rien de très nouveau dans ces propositions. C'est l'art de réaccomoder les restes, ajoutant que ces mesures avaient déjà été annoncées. Pour Charles Bonissol, de la CFE-CGC, ce n'est que de la redite. »Jacques Chirac propose des mesures qui existent déjà, renchérit Elisabeth David de l'Unsa-fonctionnaires. Par ailleurs, l'idée d'octroyer une partie des gains des réductions d'effectifs aux agents cristallise leurs mécontentements. Jean-Marc Canon, de la CGT-fonctionnaires, a exprimé son profond désaccord avec ce qu'il considère comme un troc entre l'emploi et les salaires. Gérard Aschieri quant à lui voit une contradiction entre le fait de réduire les effectifs et la volonté de diversifier la Fonction publique. Pour Marie-Claude Kervella, de la CFDT, avant de spéculer sur les réductions d'effectifs, il faudrait d'abord réfléchir au devenir et au périmètre de la Fonction publique. Même constat à la CFTC: la fédération de fonctionnaires estime que le gouvernement doit clarifier sa politique en ce qui concerne le périmètre d'intervention de l'Etat et le maintien d'une Fonction publique statutaire. Pourtant, certaines propositions sur la mobilité ou la diversité semblent rencontrer l'aval des responsables syndicaux, en attente de concrétisation. M. Canon reconnaît être favorable à ce que des mesures soient prises favorisant une mobilité choisie des fonctionnaires. Concernant la diversité, la CGT est radicalement pour des entrées citoyennes dans la Fonction publique qui doit jouer un rôle républicain d'intégration. Certaines idées sont excellentes mais maintenant, mettons-les en oeuvre! demande Mme Kervella, ajoutant: on verra dans quelques jours à l'épreuve des faits quelle est la volonté du président de la République et du gouvernement d'avancer sur les dossiers importants de la Fonction publique». Le 12 janvier, les syndicats retrouvent le ministre de la Fonction publique, Christian Jacob, pour une séance de négociations sur les salaires. Ils avaient claqué la porte de la précédente réunion, le 6 décembre, face au refus du ministre de leur faire une proposition chiffrée. La meilleure expression des intentions du gouvernement dépendra de ce qui sera mis sur la table, prévient M. Bonissol. Mais pour Gérard Aschieri, le discours de M. Chirac laisse mal augurer des propositions de Christian Jacob.
Les syndicats accueillent favorablement la proposition de Jacques Chirac sur l'extension de la cotisation patronale à la valeur ajoutée. En revanche, ils déplorent que la question du pouvoir d'achat n'ait pas été évoquée. "Cela va plutôt dans le bon sens pour nous. Cela permettra un financement plus juste et plus stable de la protection sociale", estime Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Une satisfaction qui partage Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. "Après 25 ans de revendication de la CGT d'une réforme des cotisations patronales, peut-être est-on à l'horizon d'une réforme officielle. Il est évident que la CGT s'engagera à fond dans une discussion de ce type et en s'opposant aussi à fond à toute TVA sociale". En revanche, le problème du pouvoir d'achat reste en suspens. Jean-Claude Mailly, qui s'inquiète du chômage persistant, estime que des mesures de soutien de la consommation auraient dû être évoquées par le chef de l'Etat. "Le chômage baisse de façon statistique" mais "il n'y a pas de création d'emploi", a souligné Jean-Claude Mailly. "Si on veut que le chômage baisse vraiment par des créations d'emploi, il faut un soutien fort à la consommation et au pouvoir d'achat", a conclu le secrétaire général de FO. "Un troisième thème n'a pas été abordé, celui de la démocratie sociale, et la question salariale a été totalement passée sous silence", a également déploré Alain Olive, secrétaire général de l'Unsa. Le pouvoir d'achat et la consommation sont les conditions indispensables, selon lui, du redémarrage de la croissance. Enfin, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, dresse un bilan encore plus négatif des propositions du président formulées lors de ses voeux. "Ce qui me frappe, c'est la pauvreté de la réflexion sur la situation actuelle et les besoins des Français. Pas un mot sur la crise des banlieues, pas un mot sur l'éducation, la recherche ou le rôle des services publics. Rien sur les salaires, qui sont pourtant une des questions à l'ordre du jour".
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