Si la loi sur la
décentralisation doit nous inquiéter, ce n’est pas seulement parce qu’elle
détruit le concept de l’unité de la France républicaine patiemment construite
au cours de deux siècles d’Histoire. C’est aussi parce qu’elle remet en cause
l’État tant comme garant de l’égalité des citoyens que comme acteur économique
et social, et la Nation comme outil du peuple face à la mondialisation
libérale. Comilog (groupe Eramet) à Boulogne-sur-Mer ou la mort lente d’une région
La possible fermeture de la Comilog (groupe Eramet) à Boulogne-sur-Mer marque un nouvel épisode du démantèlement de la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, qui a connu quelques fermetures retentissantes depuis 2002, dont celle de Metaleurop Nord. Comilog (ex-SFPO) a convoqué pour vendredi 5 septembre un comité d'entreprise avec à l'ordre du jour un "projet de cessation d'activité", ont annoncé les syndicats lundi 1er septembre. 351 emplois directs sont menacés. Les syndicats ont été peu surpris par l'annonce, dans un secteur qui a accumulé les fermetures et les annonces de fermeture lors des 18 derniers mois.
Après les grandes restructurations des années
1980, la filière métallurgique se concentre plus encore, entraînant la
perte d'emplois et de savoir-faire. La fermeture la plus fracassante a
été celle de la fonderie Metaleurop Nord (830 salariés licenciés). Près de Lens, la cokerie de Drocourt (Pas-de-Calais), un des symboles de la puissance industrielle du bassin minier, a été arrêtée par les Charbonnages de France en avril 2002, avec la perte de près de 300 emplois directs. A Isbergues près de Béthune, les syndicats évoquent la fermeture en 2006, jamais confirmée par la direction, d'Ugine (groupe Arcelor, aciers inoxydables) qui emploie 1.400 salariés.
La mort d’une ville ou
2.000
emplois supprimés en cinq ans à Alstom Belfort Sous les coups répétés des restructurations et de mesures d'externalisation, le site Alstom de Belfort a vu ses effectifs se réduire quasiment de moitié et passer de 8.000 au plus fort de son activité au début des années 80 à 4.700 aujourd'hui, dernier plan de restructuration compris. C'est plus précisément au cours des cinq dernières années, avec la perte sèche de 2.000 emplois, que le mouvement de dégraissage s'est intensifié au rythme régulier des plans de restructuration. A cela plusieurs raisons : d'abord la fusion catastrophique avec ABB qui s'est soldée par un fort recours à l'emprunt, mais aussi et surtout par l'abandon de la technologie Alstom au profit d'une technologie désastreuse, aux lourdes conséquences financières. Ensuite, le retrait d'Alstom dans la fabrication des turbines à gaz de grande puissance au profit de General Electric et des choix, ont contribué à précipiter le groupe vers la faillite et à opérer des ajustements sur la masse salariale. C'est ainsi qu'à Belfort en août 98, un plan social portant sur 289 emplois à peine achevé, la direction de la division transport annonce une nouvelle compression d'effectifs de l'ordre de 222 emplois. Deux ans plus tard, la division turbomachines fait l'objet d'un plan drastique portant sur 788 emplois. Celui-ci sera progressivement revu à la baisse et passera au final à la suppression de 600 postes. En Octobre 2002 : GEEPE, ancienne filiale d'Alstom supprime 292 emplois. En Mai 2003 : nouvelle coupe sombre dans le secteur de l'énergie à hauteur de 500 postes auxquels s'ajoute une centaine d'emplois dans les services. A ces pertes sèches s'ajoutent les mesures d'externalisation, dont l'ampleur est aujourd'hui difficile à évaluer, et l'effet direct sur la sous-traitance. Selon les chiffres communiqués par les pouvoirs publics, un emploi perdu au sein d'Alstom entraînerait la perte d'un emploi supplémentaire dans le tissu économique belfortain. Aujourd'hui à Belfort, la division transport, qui a subi depuis le début des années 90 quatre plans sociaux, compte 700 salariés (1.400 au plus fort de son activité). Le secteur de l'énergie (Turbo Machines et Machines électriques) qui employait 2.500 personnes à la fin des années 90 abrite aujourd'hui 1.100 personnes (600 si l'on considère que le projet de restructuration présenté en mai dernier sera mené à son terme).
Air France célèbre son 70e anniversaire. ou la fin d'une d'une histoire.
Inaugurée le 7 octobre 1933 par le ministre de l'Air de l'époque, Pierre Cot, à l'aéroport du Bourget, Air France est née d'un regroupement des principaux transporteurs aériens de l'époque: Air Union, Air Orient, Société générale des transports aériens, Compagnie internationale de navigation aérienne et Aéropostale. A l'occasion du 70e anniversaire de la compagnie aérienne française, un livre, "Le Roman d'Air France" de Philippe-Michel Thibault, retrace l'histoire du groupe, et notamment de ses relations avec l'Etat. Il raconte les débats, hésitations et paris d'une compagnie partagée entre l'orgueil "de servir les intérêts supérieurs de la nation" et l'ambition d'être une entreprise comme les autres. Annoncée une semaine avant cet anniversaire, l'alliance avec KLM marque un tournant décisif dans l'histoire de la compagnie, puisqu'elle va diluer la part de l'État dans son capital, la faisant passer en dessous du seuil des 50%, à 44% contre 54%. A terme, l'État compte descendre aux alentours de 20%. Ce mariage avec KLM va donc déclencher automatiquement une nouvelle phase de la privatisation d'Air France, une compagnie forgée par la main de l'État à partir de l'héritage glorieux des premiers chevaliers du ciel. Dotée initialement d'un statut de société privée, la compagnie est devenue propriété de l'État en 1945. Son développement s'est accéléré par la suite à travers deux opérations majeures de rapprochement : l'entrée d'Air France dans le capital d'UTA en 1990 et la fusion avec la compagnie intérieure Air Inter en 1997. Le tout sous les auspices de l'État. Début 1999, date à laquelle l'État avait décidé de céder une première tranche de 20% du capital, Air France a fait une entrée en bourse triomphale. La compagnie, qui n'a enregistré ses premiers bénéfices qu'à l'âge de 33 ans, s'apprête aujourd'hui à faire le saut de l'ange en perdant son actionnaire de référence, l'État. Le nouveau groupe né de la fusion avec KLM, qui prendra le nom d'Air France-KLM et sera présidé par l'actuel PDG d'Air France, se classera à la première place mondiale en termes de chiffre d'affaires, et à la troisième place mondiale en termes de trafic, derrière American Airlines et United Airlines.
Par Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale
Certes, Jean Pierre RAFFARIN et François FILLON ont mis en œuvre leur projet sur les retraites avec l’aide d’une majorité parlementaire confortable et ils s’apprêtent à faire de même pour la sécurité sociale en 2004, à nouveau pendant l’été, après les élections régionales et européennes. Pourtant on sent bien que ce gouvernement réactionnaire – RAFFARIN reconnaît lui-même pour s’en vanter qu’il est plus à droite que Jacques CHIRAC – devient de plus en plus un quarteron de généraux en préretraite qui n’ont d’autres occupations de se faire voir par les caméras sans vraiment se soucier du sort de La France et de son peuple. Pour faire plaisir au MEDEF, on invente un jour férié travaillé sensé marquer la solidarité de la nation à l’égard des personnes âgées. Tant pis si la mise en œuvre de ce projet entraînerait 30 000 chômeurs supplémentaires ! Pour permettre aux plus riches de payer moins d’impôts, on décide de diminuer les impôts de 3% en 2004. Tant pis si cette mesure impose en contrepartie de diminuer les crédits du logement social, de priver d’allocations les chômeurs en fin de droit, de rogner sur les crédits à la recherche. Jacques CHIRAC nous ressert à Valenciennes le plat de la fracture sociale mais il feint d’ignorer que son gouvernement ne cesse d’aggraver celle-ci. Visiblement il n’a pas tiré les leçons du gouvernement JUPPE de 1995 qui une fois l’élection présidentielle passée, avait lui aussi allègrement tourné le dos aux promesses électorales. Face à cette situation les citoyens de notre pays commencent à comprendre que l’union fait la force. Contrairement à 1995 qui avait vu le spontanéisme organisé des coordinations prendre le pas sur les organisations syndicales, ces dernières ont su canaliser en 2003 le Mouvement social et conserver pour l’essentiel un front commun. Est-ce l’amorce d’un renouveau syndical ? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire mais je pense que les salariés n’oublieront pas que cette fois ils n’ont pas été lâchés en pleine campagne et que leur confiance en l’organisation sur le lieu de travail a remonté. Je lisais récemment dans une publication de Démocratie et Socialisme que dirige notre ami Gérard FILOCHE que « les majorités d’idées existent, qu’il faut les mobiliser, les organiser ». Plus modestement peut-être, je pense en effet qu’existe une majorité de volontés, que le temps de la fatalité est derrière nous, et qu’il faut recréer des lieux de parole, de rencontre, et d’échanges. C’est pourquoi nous souhaitons que LES VENDEMIAIRES DE RESO que nous avons organisées le 20 septembre trouvent leur prolongement à travers d’autres rencontres, d’autres actions organisées en commun, en faisant participer le plus d’acteurs possible. Permettez-moi à ce stade de remercier tous les intervenants, mais aussi tous les participants à cette journée, venus parfois de loin pour assister à des débats d’excellente qualité dont nous publierons prochainement les actes. Il ne s’agit pas de construire un projet clés en mains mais de faire en sorte que lors des prochaines grandes échéances politiques, il ne soit plus possible de laisser de côté les aspirations de notre peuple. Le rassemblement de plus de 200 000 personnes cet été au Larzac contre la mondialisation libérale a montré que de plus en plus de nos compatriotes prennent conscience que l’ avenir n’est pas forcément écrit par l’OMC et les multinationales et qu’ils doivent prendre leur destin en mains. Le Mouvement altermondialiste est divers et à Résistance Sociale, association qui a ses racines dans le Monde du travail, nous ne partageons pas toutes les idées qui ont pu être avancées dans ce cadre, mais l’essentiel est cette prise de conscience. Malgré le matraquage des médias sur les fonctionnaires et les salariés du secteur public qui seraient prétendument des privilégiés, nombre de nos compatriotes continuent à croire en l’État et en ses missions, notamment celles qui touchent à la solidarité. N’en déplaise aux libéraux, l’hôpital public ou la sécurité sociale ne sont pas jetées aux orties par nos concitoyens qui ont du mal à comprendre qu’on veuille baisser les impôts et, en même temps, augmenter le forfait hospitalier ou dérembourser des médicaments. La Poste, EDF/GDF, la SNCF ou encore France Télécom sont jugés comme des services publics performants par une majorité de Français qui ne veulent pas les voir disparaître sous les coups de boutoir de la mondialisation libérale et des diktats de la Commission Européenne de Bruxelles. Le gouvernement prépare la privatisation en catimini de ces services publics mais il sait bien que ces mesures ne sont pas populaires. Ainsi, après avoir liquidé AIR LIBERTE a t-il conduit, sous couvert d’un mariage avec KLM, la privatisation d’AIR France, seule grande compagnie aérienne à avoir résisté sans trop de dommages à l’après 11 septembre et aux conséquences de la seconde guerre du golfe. Que resterait-il d’EDF/GDF, de France Télécom, de la Poste si elles étaient privatisées ? Les exemples du chemin de fer anglais ou de l’électricité aux États-unis ne sont pas faits pour nous rassurer ni pour rassurer les milliers de salariés de ces entreprises qui pourraient en faire les frais. La contestation de la réforme du régime des intermittents du spectacle, auxquels Résistance Sociale tient à renouveler son soutien, est une autre expression de ce refus du tout libéral. Quand les plans sociaux se multiplient aux quatre coins de la France, quand le sauvetage d’ALSTOM et des centaines de milliers de salariés qu’elle fait vivre en France et dans le monde sont soumis au bon vouloir d’un quarteron de technocrates de Bruxelles, quand après bien d’autres, un autre grand groupe industriel PECHINEY, redressé grâce à l’argent des contribuables français, se vend aux canadiens, comment rester les bras croisés ? Le Mouvement social du printemps en se dressant contre les décisions du gouvernement a compris que si l’Europe état un alibi commode pour faire avancer la mondialisation libérale, c’est en France et dans chaque pays de l’Europe que devaient se prendre les décisions concernant l’avenir. de chaque peuple. C’est de la capacité de chaque peuple à obliger les gouvernants à choisir entre leurs propres intérêts et les siens que peut naître une autre logique européenne et non l’inverse. Résistance Sociale est une association qui se veut ouverte à tous les progressistes. Des antennes locales vont prochainement être créées pour mailler la France de réseaux qui le moment venu permettront de faire entendre la voix du monde du travail. N’hésitez pas à les rejoindre ou à vous porter volontaire pour en créer. Il s’agit de mettre en place une organisation souple, ouverte à tous ceux qui savent dire non, mais veulent aussi dire oui à un autre destin
|