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EDF-GDF: changement de statut mais pas de privatisation ! De qui se moque-t-on ?

par Béatrice DURAND

 

Le Ministre de l'Economie et des Finances a annoncé aux syndicats d'EDF et de GDF que la loi instaurant le changement de statut des deux entreprises, contre lequel les salariés se sont fortement mobilisés le 8 avril, serait adoptée avant fin juillet.

A l'entendre, un changement de statut avec le maintien d'un taux minimum de détention du capital d'EDF et de GDF par l'Etat n'a rien a voir avec la privatisation initialement prévue. De qui se moque t'on ? Et l'autre partie, qui va la détenir ? Comment le gouvernement peut-il nous faire croire que le statut social des agents ne sera pas modifié et que les valeurs du service public seront maintenues ?

 

Les "non-actionnaires" détenant les "non-parts" d'EDF/GDF verront-ils d'un bon œil qu'on ne leur demande pas leur avis ? A moins d'être complètement naïfs, personne ne peut croire cela.

Ce qui nous pend au nez, c'est l'invention des pack électricité vendus pour une somme défiant toute concurrence : vous aurez le droit, en prenant le pack 1, d'allumer votre téléviseur en même temps que le chauffage de votre salle de bain et de faire tourner la machine à laver, et si, par malheur, vous mettez votre gazinière en route sans avoir pris l'option cuisson, vous devrez payer une taxe…

 

Non, le changement de statut d'EDF/GDF n'est pas conforme à l'intérêt général

 

Mon grand-père doit se retourner dans sa tombe. Lui qui a connu l’époque des sociétés privées de l’électricité et du gaz avant de faire partie d’EGF, comme on l’appelait alors, doit se demander comment le gouvernement d’un président qui se prétend gaulliste peut préparer le changement de statut d’une entreprise qui a permis, après sa nationalisation en 1945 par De Gaulle, la modernisation industrielle de la France.

Qui peut croire que les actionnaires privés laisseront EDF et GDF continuer  à investir autant dans la recherche alors que leurs intérêts les pousseront à vouloir des profits immédiats incompatibles avec le souci du long terme ?

Qui peut croire qu'une EDF privatisée aux trois quarts aura la même politique de sûreté nucléaire qu'aujourd'hui et s'attachera à maintenir une production suffisante pour satisfaire les besoins de l'ensemble de la population française alors qu'il est plus rentable de vendre l'électricité à d'autres pays ?

Qui peut croire que Gaz de France privatisée aura toujours la même politique de prospection et le souci de l'indépendance énergétique ?

Comment croire qu'EDF/GDF privatisées seront toujours prêtes à envoyer partout et par tous les temps leurs agents réparer lignes et dessertes dans les plus brefs délais ?

Comment peut-on affirmer qu'EDF/GDF privatisées, le statut social des agents ne sera pas modifié alors que l'exemple de France Télécom nous démontre le contraire : aujourd'hui les agents fonctionnaires de cette entreprise, autrefois florissante, sont priés d'accepter un changement de statut ou d'aller voir ailleurs ?

Comment croire que les droits sociaux du personnel d'EDF/GDF seront maintenus alors qu'on voit déjà des attaques contre l'un des comités d'entreprise les plus dynamiques, prélude sans doute à sa casse future, comme cela s'est déjà passé pour les activités sociales de La Poste et de France Télécom ?

Comment croire que la politique tarifaire de ces entreprises, dictée par le changement de statut, n'aboutira pas à une augmentation vertigineuse des prix comme c'est le cas pour l'abonnement France Télécom ? Est-ce un hasard si le gouvernement a pris les devants en prévoyant un tarif social ?

Certains diront que c’est le prix à payer pour avoir l’EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération.

D’autres que c’et un engagement pris par la France lors du sommet européen de Barcelone en 2001.

Personne n’ose affirmer que la privatisation totale ou partielle d'EDF/GDF est conforme à l'intérêt général.

En réalité, seule la nécessité de renflouer les caisses de l'Etat vidées par le gouvernement pour payer les cadeaux faits aux entreprises et aux plus riches incite celui-ci à recourir à ce procédé conforme à une idéologie rejetée massivement par les Français les 21 et 28 mars.

Yves  LAOT

 

MONDIALISATION ET DESINDUSTRIALISATION

 

 

Avant propos

La mondialisation,  ses effets économiques et sociaux, ont fait l’objet de dizaines de milliers d’articles et publications. Les phénomènes sont multidimensionnels et extrêmement complexes, contradictoires parfois.. Résistance  Sociale ouvre le débat. N’hésitez pas à nous apporter des informations, à nous faire connaître votre point de vue, à dialoguer avec nous.

 

La mondialisation et le tournant des années 70

 

La mondialisation n’est pas un phénomène récent. Cependant un tournant a été pris dans les années 70. La mondialisation libérale, la globalisation financière et commerciale se sont considérablement accélérés. Rappelons quelques évènements clé : fin de la convertibilité du dollar, négociations dans le cadre du GATT puis de l’OMC, rôle accru du FMI, problème de la dette dans de nombreux pays,….La globalisation financière s’est accélérée sans qu’un véritable contrôle ne s’exerce.

 

La domination des flux financiers

 

La libéralisation, c’est avant tout domination financière. Dans les échanges quotidiens, les échanges commerciaux ne représentent plus qu’une infime minorité. La source de l’enrichissement, c’est les mouvements de capitaux, souvent la spéculation,   et de moins en moins l’industrie. On l’a bien vu avec la « nouvelle économie ». Les start ups se valorisaient à vue d’œil, fréquemment avant  d’avoir le moindre client, ou presque..  Le Nasdaq battait record sur record, c’était une spirale à la hausse presque complètement déconnectée du réel. Nul étonnement à ce que la gigantesque bulle financière ait fini par crever.


Lorsque Wall Street fixe des objectifs irréalistes à l’industrie.

 

Le rôle traditionnel des bourses était  faire fructifier le capital principalement en fournissant  les capitaux nécessaires à l’industrie. Avec la domination des échanges financiers c’est beaucoup moins le cas  En outre un investissement doit rapporter au moins autant s’il s’effectue dans l’industrie que s’il s’effectue dans la spéculation.. On exige de l’industrie des taux de rentabilité sur le chiffre d’affaires  à 2 chiffres, souvent de 15% par an. Ces objectifs mettent une pression insupportable sur la plupart des industries.

 

Une vision à court terme

 

Wall Street examine les comptes des entreprises par trimestre. Chaque trimestre doit montrer une progression importante par rapport au même trimestre de l’an dernier et par rapport au trimestre précédent. D’une façon générale ces objectifs sont impossibles à atteindre durablement. Les Présidents des grandes Sociétés, même s’ils ne sont pas d’accord, sont obligés de mettre en œuvre la stratégie des analystes financiers de Wall Street et pas la leur.

La nécessité de faire grimper le cours de l’action condamne la plupart des investissements à moyen et long terme. Noter que les  fonds de pension US, qui sont des investisseurs majeurs, ont besoin de taux de rentabilité extrêmement élevés pour servir les retraites, contribuant ainsi à la pression sur l’industrie.

 

La mondialisation,  la productivité, le chômage

 

La mondialisation favorise la productivité de l’industrie

La productivité de l’industrie est énorme. La robotique permet de produire de grandes quantités de biens de consommation à un coût très faible. Certaines normes sont mondiales, ce qui permet à une innovation de se répandre le monde entier extrêmement rapidement. L’industrie pourrait  produire dans un délai très bref pour toute la planète, encore faudrait-il que les consommateurs potentiels soient solvables, or beaucoup ne le sont pas

La mondialisation libérale, les objectifs de rentabilité à court terme, entraînent les fusions, les restructurations, la sous-traitance, les délocalisations : il faut atteindre un seuil critique permettant de faire des économies d’échelle et de pouvoir produire et être compétitif sur le marché mondial.. Si les conséquences immédiates sur l’emploi sont certaines, l’expérience et les études montrent qu’elles ne sont pas toujours la panacée sur le plan des résultats industriels.

Il y a un chômage et une pauvreté de masse.

Plus de 5 milliards d’hommes, de femmes, d’enfants vivent au dessous du seuil de pauvreté.. Même à New York, capitale économique de la 1ère puissance mondiale, on rencontre des SDF par milliers, des quartiers entiers à l’abandon. Dans les 2 derniers mois, malgré les crédits gigantesques injectés pour la guerre contre l’Irak, 500 000 emplois ont été perdus aux Etats Unis. En 2 ans ce sont 2,4 millions d’emplois qui ont été supprimés

 

Actuellement on assiste en France à une avalanche de  « plans sociaux » dans les grandes entreprises. Dans les PME les charrettes se succèdent dans le silence général. Le gouvernement Raffarin  parfaitement en phase avec l’idéologie libérale, propose de ne remplacer que 50% des fonctionnaires partant en retraite. Le MEDEF réclame toujours plus d’exonérations de charges sociales, toujours plus de flexibilité, toujours plus de modération salariale, toujours plus de productivité. La mondialisation libérale, brutale et sans contrôle, creuse les inégalités, menace notre industrie. Récemment les Echos titraient « La France sans industrie ».

 

La domination des Etats Unis

 

Le terme mondialisation est un terme un peu ambigu car il donne l’impression d’un marché mondial unifié appliquant les mêmes règles pour tous.. Dans la réalité il n’y a pas égalité entre les nations. La mondialisation est entraînée par les Etats Unis qui s’appuie sur son marché intérieur largement protégé tant par les subventions aux agriculteurs que par les commandes gigantesques passées par l’état aux industries privées leur assurant un avantage compétitif énorme sur leurs concurrents. Par exemple les commandes militaires passées à Boeing l’aident considérablement à concurrencer Airbus. Idem pour Ariane,…Ne faut-il pas encourager les coopérations européennes ?

 

Mondialisation, services publics et nationalisations

 

Les services publics, les secteurs nationalisés en assurant la péréquation des tarifs sont un  facteur d’égalité

N’ayant pas les critères de rentabilité de l’industrie, le secteur nationalisé peut perdurer là où une entreprise privée augmenterait ses tarifs où éliminerait des zones entières.

Les services publics, les secteurs nationalisés sont également un facteur de maintien de l’industrie et des services.

F0B7       La Poste distribue le courrier dans  les petites communes. Avec l’ouverture progressive à la concurrence les entreprises privées ont à l’étude des projets pour concurrencer la Poste, mais bien entendu uniquement dans les zones à forte densité qui sont seules rentables.

F0B7       Le statut d’EDF lui permet d’être un opérateur industriel performant, avec des possibilités d’investissement à long terme. Exactement l’opposé d’Enron qui s’est développé sur la commercialisation des kwh sans pratiquement en produire. Mais si EDF était une entreprise privée, ses résultats seraient jugés inacceptables par les actionnaires. Augmentations de tarifs, fin de l’indépendance énergétique, suppression de postes, moindre sécurité …seraient quasi inéluctables

F0B7       Privatisée la SNCF n’aurait jamais maintenu un réseau national créé le TGV. Il suffit de comparer avec l’Angleterre

F0B7       La libéralisation du transport aérien a entraîné de nombreuses faillites, dont la dernière en date Airlib

Le secteur public et nationalisé participe au développement de l’industrie privée

Les libéraux ont l’habitude de considérer que tout ce qui est nationalisé est autant qui devrait revenir au privé. Mais c’est une vue unilatérale. La réalité est plus complexe. Le secteur public participe au maintien de l’emploi, donc de la consommation. Il participe à l’aménagement du territoire, au maintien des infrastructures. Il passe des commandes à l’industrie privée. Il ne s’agit pas de cultiver le paradoxe, mais des études montrent, ce qu’on oublie souvent, que le secteur public a aussi pour effet de participer directement et indirectement au maintien de l’industrie privée.

Mais il y a  contradiction avec Bruxelles et la mondialisation

La mondialisation sauvage à la recherche de la rentabilité immédiate tend à désindustrialiser, à accroître le chômage, les inégalités.  L’OMC, l’AGCS, Bruxelles, le FMI, … ont pour objectif de rendre tous les secteurs, y compris la santé et l’éducation au marché.  Il y a donc opposition entre ceux qui veulent tout privatiser, quelles que soient les conséquences industrielles et sociales, et ceux qui veulent un équilibre maîtrisé, maîtrise qui ne peut résulter que de la volonté des Citoyens et des Etats

 

JC Chaillet

 

 

ZOOM

Marché « utile »

Prenons l’exemple de la Chine. Selon les estimations il y a 1,3 à 1,5 milliards d’habitants. Cependant l’immense majorité n’a pratiquement aucun pouvoir d’achat. Le marché « utile », c’est à dire solvable, était évalué il y a quelque temps à 50 / 60  millions de personnes.

 

Gabon : le dogmatisme du FMI 

Au Gabon il y a encore une Sécurité Sociale. Un jour on m’a présenté la Responsable de l’importation de médicaments. Naïf je lui dis qu’elle devait diriger un service important. Elle me rit au nez. Surpris je lui demandai pourquoi. Elle me répondit que son poste n’était pas important car il n’y avait plus d’argent pour importer des médicaments. Quant à l’Hôpital Public, les représentants du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OIT, se succèdent pour le privatiser.

 

Les Etats Unis drainent l’essentiel de l’épargne mondiale

Récemment Jean Pierre Chevènement rappelait que les Etats Unis drainent 80% de l’épargne mondiale. Un monde multipolaire n’est-il pas nécessaire ?

 

Mondialisation et internationalisme

«l’internationalisme ne se confond pas avec le mondialisme : dans internationalisme, il y a nation et c’est déterminant ». Georges Sarre

 

les flux financiers

Les flux financiers échangés chaque jour représentent 1000 fois le volume des échanges commerciaux

 

Pauvreté

500 millions de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour selon le BIT

 

Libéralisation du transport aérien. Après Airlib, American Airlines ?

Au bord de la faillite la Direction d’American Airlines demande au Personnel d’accepter une réduction de salaire d’environ 20%. Prudents les 45 dirigeants se sont assurés que quoi qu’il arrive, y compris le dépôt de bilan, ils toucheraient leur retraite. Quant au personnel…

 

Mondialisation : le consensus

Les opinions sur la mondialisation sont extrêmement variées. Certains sont pour, d’autres sont contre, pour une  mondialisation. régulée…Cependant il semble y avoir consensus sur un constat : la mondialisation crée des inégalités

 

GIAT et l’intérêt national

« Ni le désinvestissement de l’Etat dans GIAT, ni le démantèlement de ce grand groupe ne sauraient être tolérés. Il faut sauver GIAT industries : il s’agit là d’un impératif d’intérêt national ».

Georges Sarre