MONDIALISATION ET DESINDUSTRIALISATION
Avant propos
La
mondialisation, ses effets économiques et sociaux, ont fait l’objet de dizaines
de milliers d’articles et publications. Les phénomènes sont multidimensionnels
et extrêmement complexes, contradictoires parfois.. Résistance Sociale ouvre le
débat. N’hésitez pas à nous apporter des informations, à nous faire connaître
votre point de vue, à dialoguer avec nous.
La
mondialisation et le tournant des années 70
La mondialisation n’est pas un phénomène récent. Cependant un tournant a été
pris dans les années 70. La mondialisation libérale, la globalisation financière
et commerciale se sont considérablement accélérés. Rappelons quelques évènements
clé : fin de la convertibilité du dollar, négociations dans le cadre du GATT
puis de l’OMC, rôle accru du FMI, problème de la dette dans de nombreux
pays,….La globalisation financière s’est accélérée sans qu’un véritable contrôle
ne s’exerce.
La domination
des flux financiers
La
libéralisation, c’est avant tout domination financière. Dans les échanges
quotidiens, les échanges commerciaux ne représentent plus qu’une infime
minorité. La source de l’enrichissement, c’est les mouvements de capitaux,
souvent la spéculation, et de moins en moins l’industrie. On l’a bien vu avec
la « nouvelle économie ». Les start ups se valorisaient à vue d’œil, fréquemment
avant d’avoir le moindre client, ou presque.. Le Nasdaq battait record sur
record, c’était une spirale à la hausse presque complètement déconnectée du
réel. Nul étonnement à ce que la gigantesque bulle financière ait fini par
crever.
Lorsque Wall Street fixe des objectifs irréalistes à l’industrie.
Le rôle
traditionnel des bourses était faire fructifier le capital principalement en
fournissant les capitaux nécessaires à l’industrie. Avec la domination des
échanges financiers c’est beaucoup moins le cas En outre un investissement doit
rapporter au moins autant s’il s’effectue dans l’industrie que s’il s’effectue
dans la spéculation.. On exige de l’industrie des taux de rentabilité sur le
chiffre d’affaires à 2 chiffres, souvent de 15% par an. Ces objectifs mettent
une pression insupportable sur la plupart des industries.
Une vision à
court terme
Wall Street
examine les comptes des entreprises par trimestre. Chaque trimestre doit montrer
une progression importante par rapport au même trimestre de l’an dernier et par
rapport au trimestre précédent. D’une façon générale ces objectifs sont
impossibles à atteindre durablement. Les Présidents des grandes Sociétés, même
s’ils ne sont pas d’accord, sont obligés de mettre en œuvre la stratégie des
analystes financiers de Wall Street et pas la leur.
La nécessité de faire grimper le cours de l’action condamne la plupart des
investissements à moyen et long terme. Noter que les fonds de pension US, qui
sont des investisseurs majeurs, ont besoin de taux de rentabilité extrêmement
élevés pour servir les retraites, contribuant ainsi à la pression sur
l’industrie.
La
mondialisation, la productivité, le chômage
La mondialisation favorise la productivité de l’industrie
La
productivité de l’industrie est énorme. La robotique permet de produire de
grandes quantités de biens de consommation à un coût très faible. Certaines
normes sont mondiales, ce qui permet à une innovation de se répandre le monde
entier extrêmement rapidement. L’industrie pourrait produire dans un délai très
bref pour toute la planète, encore faudrait-il que les consommateurs potentiels
soient solvables, or beaucoup ne le sont pas
La
mondialisation libérale, les objectifs de rentabilité à court terme, entraînent
les fusions, les restructurations, la sous-traitance, les délocalisations : il
faut atteindre un seuil critique permettant de faire des économies d’échelle et
de pouvoir produire et être compétitif sur le marché mondial.. Si les
conséquences immédiates sur l’emploi sont certaines, l’expérience et les études
montrent qu’elles ne sont pas toujours la panacée sur le plan des résultats
industriels.
Il y a un
chômage et une pauvreté de masse.
Plus de 5
milliards d’hommes, de femmes, d’enfants vivent au dessous du seuil de
pauvreté.. Même à New York, capitale économique de la 1ère puissance
mondiale, on rencontre des SDF par milliers, des quartiers entiers à l’abandon.
Dans les 2 derniers mois, malgré les crédits gigantesques injectés pour la
guerre contre l’Irak, 500 000 emplois ont été perdus aux Etats Unis. En 2 ans ce
sont 2,4 millions d’emplois qui ont été supprimés
Actuellement
on assiste en France à une avalanche de « plans sociaux » dans les grandes
entreprises. Dans les PME les charrettes se succèdent dans le silence général.
Le gouvernement Raffarin parfaitement en phase avec l’idéologie libérale,
propose de ne remplacer que 50% des fonctionnaires partant en retraite. Le MEDEF
réclame toujours plus d’exonérations de charges sociales, toujours plus de
flexibilité, toujours plus de modération salariale, toujours plus de
productivité. La mondialisation libérale, brutale et sans contrôle, creuse les
inégalités, menace notre industrie. Récemment les Echos titraient « La France
sans industrie ».
La domination
des Etats Unis
Le terme
mondialisation est un terme un peu ambigu car il donne l’impression d’un marché
mondial unifié appliquant les mêmes règles pour tous.. Dans la réalité il n’y a
pas égalité entre les nations. La mondialisation est entraînée par les Etats
Unis qui s’appuie sur son marché intérieur largement protégé tant par les
subventions aux agriculteurs que par les commandes gigantesques passées par
l’état aux industries privées leur assurant un avantage compétitif énorme sur
leurs concurrents. Par exemple les commandes militaires passées à Boeing
l’aident considérablement à concurrencer Airbus. Idem pour Ariane,…Ne faut-il
pas encourager les coopérations européennes ?
Mondialisation, services publics et nationalisations
Les services publics, les secteurs nationalisés en assurant la péréquation des
tarifs sont un facteur d’égalité
N’ayant pas
les critères de rentabilité de l’industrie, le secteur nationalisé peut perdurer
là où une entreprise privée augmenterait ses tarifs où éliminerait des zones
entières.
Les services
publics, les secteurs nationalisés sont également un facteur de maintien de
l’industrie et des services.
F0B7
La
Poste distribue le courrier dans les petites communes. Avec l’ouverture
progressive à la concurrence les entreprises privées ont à l’étude des projets
pour concurrencer la Poste, mais bien entendu uniquement dans les zones à forte
densité qui sont seules rentables.
F0B7
Le
statut d’EDF lui permet d’être un opérateur industriel performant, avec des
possibilités d’investissement à long terme. Exactement l’opposé d’Enron qui
s’est développé sur la commercialisation des kwh sans pratiquement en produire.
Mais si EDF était une entreprise privée, ses résultats seraient jugés
inacceptables par les actionnaires. Augmentations de tarifs, fin de
l’indépendance énergétique, suppression de postes, moindre sécurité …seraient
quasi inéluctables
F0B7
Privatisée la SNCF n’aurait jamais maintenu un réseau national créé le TGV. Il
suffit de comparer avec l’Angleterre
F0B7
La
libéralisation du transport aérien a entraîné de nombreuses faillites, dont la
dernière en date Airlib
Le secteur
public et nationalisé participe au développement de l’industrie privée
Les libéraux
ont l’habitude de considérer que tout ce qui est nationalisé est autant qui
devrait revenir au privé. Mais c’est une vue unilatérale. La réalité est plus
complexe. Le secteur public participe au maintien de l’emploi, donc de la
consommation. Il participe à l’aménagement du territoire, au maintien des
infrastructures. Il passe des commandes à l’industrie privée. Il ne s’agit pas
de cultiver le paradoxe, mais des études montrent, ce qu’on oublie souvent, que
le secteur public a aussi pour effet de participer directement et indirectement
au maintien de l’industrie privée.
Mais il y a
contradiction avec Bruxelles et la mondialisation
La
mondialisation sauvage à la recherche de la rentabilité immédiate tend à
désindustrialiser, à accroître le chômage, les inégalités. L’OMC, l’AGCS,
Bruxelles, le FMI, … ont pour objectif de rendre tous les secteurs, y compris la
santé et l’éducation au marché. Il y a donc opposition entre ceux qui veulent
tout privatiser, quelles que soient les conséquences industrielles et sociales,
et ceux qui veulent un équilibre maîtrisé, maîtrise qui ne peut résulter que de
la volonté des Citoyens et des Etats
JC Chaillet
ZOOM
Marché
« utile »
Prenons l’exemple de la Chine. Selon les estimations il y a 1,3 à 1,5
milliards d’habitants. Cependant l’immense majorité n’a pratiquement aucun
pouvoir d’achat. Le marché « utile », c’est à dire solvable, était évalué il
y a quelque temps à 50 / 60 millions de personnes.
Gabon :
le dogmatisme du FMI
Au Gabon il y a encore une Sécurité Sociale. Un jour on m’a présenté la
Responsable de l’importation de médicaments. Naïf je lui dis qu’elle devait
diriger un service important. Elle me rit au nez. Surpris je lui demandai
pourquoi. Elle me répondit que son poste n’était pas important car il n’y
avait plus d’argent pour importer des médicaments. Quant à l’Hôpital Public,
les représentants du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OIT, se succèdent pour
le privatiser.
Les Etats
Unis drainent l’essentiel de l’épargne mondiale
Récemment
Jean Pierre Chevènement rappelait que les Etats Unis drainent 80% de
l’épargne mondiale. Un monde multipolaire n’est-il pas nécessaire ?
Mondialisation et internationalisme
«l’internationalisme ne se confond pas avec le mondialisme : dans
internationalisme, il y a nation et c’est déterminant ». Georges Sarre
les flux
financiers
Les flux financiers échangés chaque jour représentent
1000
fois le volume des échanges commerciaux
Pauvreté
500 millions de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour selon le
BIT
Libéralisation du transport aérien. Après Airlib, American Airlines ?
Au bord de la faillite la Direction d’American Airlines demande au Personnel
d’accepter une réduction de salaire d’environ 20%. Prudents les 45
dirigeants se sont assurés que quoi qu’il arrive, y compris le dépôt de
bilan, ils toucheraient leur retraite. Quant au personnel…
Mondialisation : le consensus
Les
opinions sur la mondialisation sont extrêmement variées. Certains sont pour,
d’autres sont contre, pour une mondialisation. régulée…Cependant il semble
y avoir consensus sur un constat : la mondialisation crée des inégalités
GIAT et
l’intérêt national
« Ni le désinvestissement de l’État dans GIAT, ni le démantèlement de ce
grand groupe ne sauraient être tolérés. Il faut sauver GIAT industries : il
s’agit là d’un impératif d’intérêt national ».
Georges Sarre
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